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COLDWATER

6
Assez bon

Brad est un adolescent impliqué dans plusieurs petits délits. Ses parents décident de le faire emmener de force dans le camp de redressement pour mineurs très isolé de Coldwater. Les jeunes détenus sont coupés du monde extérieur, subissent des violences tant physiques que psychologiques et n’ont d’autre choix que de survivre ou de s’échapper.

Entre deux eaux

C’est à dix-huit ans, marqué par le traumatisme d’un camarade sorti d’un centre de redressement pour mineurs, que Vincent Grashaw couche sur le papier la première version de Coldwater, qui mettra quinze ans à voir le jour sur grand écran. C’est le succès en 2012 de Bellflower, dont il fut l’un des producteurs, qui lui permet de trouver les fonds pour enfin mener à bien son projet.

Malheureusement la lente maturation du film ne lui a peut-être pas été favorable. D’une part, parce que Coldwater arrive un peu après la bataille, en ces années où les films carcéraux se multiplient et où le Dog Pound de Kim Chapiron a marqué de son empreinte la version « ados » du genre. D’autre part, parce que la réécriture à plusieurs reprises du scénario se ressent à travers le manque de cohérence du film. On sent que Vincent Grashaw a voulu suivre la mouvance actuelle d’un cinéma proche du documentaire, alors même que son scénario initial tient plus du thriller traditionnel. Du coup le film souffre en permanence d’une dualité entre pure fiction et volonté de réalisme, sans arriver à vraiment marier les deux. Ce qui s’avère plutôt dommageable car le film apparaît finalement plus comme un pamphlet décrédibilisé par des ficelles narratives un peu grosses, alors qu’il devrait plutôt être lu comme un pur thriller avec en toile de fond la dénonciation de la violence des camps de redressement. Un point de vue défendu par le réalisateur lui-même, et qui se ressent dans l’écriture des personnages, dans la narration et dans la façon qu’à le cinéaste d’envisager certaines scènes, comme ce final extrême, percutant dès lors qu’on le prend comme un climax hérité du cinéma de genre.

Malgré ses imperfections, Coldwater reste un film largement recommandable. D’abord parce que Vincent Grashaw fait preuve de beaucoup de sincérité dans sa volonté de dénoncer ces camps de redressement, qu’aucune loi ne régit et qui ne répondent donc qu’à leurs propres règles. Ensuite parce qu’il démontre de vraies qualités de metteur en scène, en sachant créer une atmosphère dérangeante, pesante (voir notamment les séquences sous un soleil de plomb) et surtout en filmant avec justesse la progression de son personnage principal. Mutique, évoluant dans une sorte de bulle, Brad, envoyé par sa mère dans ce camp suite à divers délits, va grandir en même temps que va mûrir en lui son plan de rébellion contre ses détenteurs. Le personnage, déjà plutôt bien écrit, est magnifié à l’écran par le jeune P.J. Boudousqué, qui ne partage pas avec Ryan Gosling que des traits physiques, mais bien aussi le talent naissant. Il est indéniablement la révélation du film, qu’il porte seul sur ses épaules, au milieu d’un casting plus anodin….

S’il n’est clairement pas exempt d’erreurs, Coldwater reste un premier film suffisamment intéressant pour qu’on guette de près la suite de la carrière de son réalisateur. Vincent Grashaw est d’ailleurs déjà en pleine préparation de son second long-métrage, du pur cinéma de genre cette fois.

La fiche
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COLDWATER
Réalisé par Vincent Grashaw
Avec P.J. Boudousqué, James C. Burns, Chris Petrovski
Etats-Unis – Drame, Thriller
9 Juillet 2014
Durée : 104 min




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Marla
9 années il y a

Salut Squizz !

Bravo pour ta critique fort bien écrite. Je te rejoins en grande partie. Je trouve cependant le film un peu manichéen, même s’il vaut le détour: http://marlasmovies.blogspot.fr/2014/07/coldwater-la-prison-qui-ne-dit-pas-son.html

Thomas Périllon
Administrateur
Répondre à  Squizzz
9 années il y a

Je suis assez d’accord. Ce manque de subtilité sera moins pénalisant pour un film d’horreur où la faculté de Grashaw à créer une ambiance sera encore plus intéressante 🙂

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