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CÉSAR 2021 | En attendant Roselyne, le tour des nominations…

Avec des salles obscures fermées durant près de la majorité de l’année 2020, les exploitants ont tout de même eu le plaisir de proposer aux spectateurs français de nombreuses œuvres de grande qualité, avec un public au rendez-vous en l’absence des mastodontes hollywoodiens. Non, le Cinéma n’est pas mort. La cérémonie des César 2021 sera l’occasion de célébrer la création hexagonale qui l’a maintenu en vie et de rappeler, s’il le fallait encore, combien le Septième Art est un refuge essentiel et le demeure d’autant plus en ces temps dramatiquement éprouvants. Ce que le gouvernement actuel ne semble pourtant pas avoir compris, s’obstinant à garder salles de spectacle et cinémas fermés alors que d’innombrables études scientifiques sérieuses en viennent à la même conclusion : les risques de se contaminer au cinéma ou au théâtre sont quasiment nuls, puisqu’un protocole très strict (et plus strict que dans les supermarchés, les transports en commun ou les écoles) y est appliqué.

Pour être plus précis : le taux de reproduction du virus (RO), autrement dit le nombre moyen d’individus qu’une personne porteuse du virus peut contaminer, est de 0,5 dans les lieux culturels avec port du masque obligatoire et une jauge à 30%. En comparaison, le taux de reproduction est de 1 dans un supermarché ou un restaurant, de 1,5 dans un open-space ou un train et de 3 dans un établissement scolaire.

Ouvrez les cinémas.

Cette cérémonie un peu hors de la norme habituelle sera donc l’occasion pour la maitresse de cérémonie, mais aussi pour certains remettants, d’interpeler notre sinistre ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, qui s’enlise avec détermination dans l’inaction, au prix d’artistes laissés pour compte par le gouvernement et de français désespérément privés de questionnements sur le monde, de rêves et d’émotions. Un pays qui se tient sage, c’est un pays qui ne s’évade plus ? Qui ne réfléchit plus ? On compte sur la reine Marina pour en remettre une couche sur le mépris des Marcheurs, comme elle l’a récemment fait à la radio, aidée de ses deux auteurs, Blanche Gardin et Laurent Lafitte, dont on connait le ton corrosif. Parce qu’on ne peut plus accepter les arguments absurdes d’une ministre qui ne manifeste aucune considération pour ceux dont elle est censée assurer la protection (et la pérénité).

« Comment parler des films, et encore plus une année de Covid ?« , c’est la question que se posait inévitablement Marina Foïs, maîtresse de cérémonie de la 46ème édition des César, au sujet de l’organisation de la soirée. Celle-ci se tiendra ce vendredi 12 mars, pas à la salle Pleyel (qui l’accueillait ces dernières années) mais à l’Olympia. L’objectif : « Que les gens soient contents de la soirée : pas seulement les professionnels du cinéma, mais également ceux qui vont nous regarder à la télé« . Un sacré challenge puisque la cérémonie se déroulera sans public et que seule une centaine de personnes (parmi lesquels essentiellement les nommés et les remettants) sera présente.

Marina Foïs succèdera ainsi à Florence Foresti – qui s’en était plutôt bien tirée, en public, elle – après une édition particulièrement problématique ayant entrainé le sacré incompréhensible d’un réalisateur accusé et condamné par la justice pour abus pédo-sexuels. Si les premiers échos parlent d’une absence de l’admirable Adèle Haenel, nul doute que la cérémonie de l’an dernier sera évoquée, plus ou moins explicitement, après les nombreux changements initiés suite à ce terrible fiasco éthique…

En attendant le palmarès, découvrez les nominations majeures des César 2021 commentées par notre rédacteur en chef.

Adèle Haenel César 2020

Meilleure Actrice : 

– Laure Calamy dans Antoinette dans les Cévennes
– Martine Chevalier dans Deux
– Virginie Efira dans Adieu les cons
– Camélia Jordana dans Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait
– Barbara Sukowa dans Deux

 Meilleur Acteur :

– Sami Bouajila dans Un fils
– Jonathan Cohen dans Enorme
– Albert Dupontel dans Adieu les cons
– Niels Schneider dans Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait
– Lambert Wilson dans De Gaulle

–> La catégorie est serrée. Sami Bouajila devrait décrocher la statuette mais Niels Schneider pourrait créer la surprise. 

Meilleure Actrice dans un Second Rôle :

– Fanny Ardant dans ADN
– Valeria Bruni Tedeschi dans Eté 85
– Emilie Dequenne dans Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait
– Noémie Lvovsky dans La bonne épouse
– Yolande Moreau dans La bonne épouse

–> On ne voit pas comment Emilie Dequenne pourrait passer à côté dans elle illumine le film d’Emmanuel Mouret de sa grâce et de sa dignité. 

Meilleur Acteur dans un Second Rôle :

– Edouard Baer dans La bonne épouse
– Louis Garrel dans ADN
– Benjamin Lavernhe dans Antoinette dans les Cévennes
– Vincent Macaigne dans Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait
– Nicolas Marié dans Adieu les cons

–> Louis Garrel est la seule chose qui fonctionne dans l’insupportable ADN. Est-ce que ce sera suffisant ? On mettrait une pièce sur Macaigne. 

Meilleur Espoir Féminin :

– Mélissa Guers dans La fille au bracelet
– India Hair dans Poissonsexe
– Julia Piaton dans Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait
– Camille Rutherford dans Felicità
– Fathia Youssouf dans Mignonnes

–> Fathia Youssouf crève l’écran dans Mignonnes. Il n’y a pas match. 

Meilleur Espoir Masculin :

– Guang Huo dans La nuit venue
– Félix Lefebvre dans Eté 85
– Benjamin Voisin dans Eté 85
– Alexandre Wetter dans Miss
– Jean-Pascal Zadi dans Tout simplement noir

–> On aime beaucoup Guang Huo dans La nuit venue mais il semble que l’heure du sacre ait sonné pour l’étoile montante Benjamin Voisin. 

Meilleur Scénario Original :

– Albert Dupontel pour Adieu les cons
– Caroline Vignal pour Antoinette dans les Cévennes
– Emmanuel Mouret pour Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait
– Filippo Meneghetti, Malysone Bovorasmy pour Deux
– Benoît Delépine et Gustave Kervern pour Effacer l’historique

–> Pour son écriture si raffinée, Emmanuel Mouret devrait l’emporter. Attention à la « surprise » Meneghetti. 

Meilleure Adaptation :

– Olivier Assayas pour Cuban Network
– Hannelore Cayre et Jean-Paul Salomé pour La Daronne
– François Ozon pour Eté 85
– Stéphane Demoustier pour La Fille au bracelet
– Eric Barbier pour Petit pays

–> Et pourquoi pas Stéphane Demoustier ? 

Meilleure Musique Originale :

– Christophe Julien pour Adieu les cons
– Stéphane Warbeck pour ADN
– Mateï Bratescot pour Antoinette dans les Cévennes
– Jean-Benoît Dunckel pour Eté 85
– Rone pour La nuit venue

–> Les votants pourraient-ils sacrer la composition atmosphérique de Rone ? On croise les doigts.

Meilleur Film d’Animation :

– Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary de Rémi Chayé,
– Josep d’Aurel
– Petit vampire de Joann Sfar

–> Josep devrait logiquement l’emporter mais Calamity  (plus grand public) pourrait bien lui griller la politesse. 

Meilleur Film Documentaire :

Adolescentes de Sébastien Lifshitz
– La cravate d’Etienne Chaillou et Mathias Théry
– Cyrille agriculteur, 30 ans, 20 vaches, du lait, du beurre, des dettes réalisé par Rodolphe Marconi
– Histoire d’un regard de Mariana Otero
– Un pays qui se tient sage de David Dufresne

–> Quelle année encore ! Que de films documentaires marquants. Adolescentes part avec une longueur d’avance mais David Dufresne pourrait bien ne pas se tenir sage… 

Meilleur Premier Film :

Deux de Filippo Meneghetti
– Garçon chiffon de Nicolas Maury
– Mignonnes de Maïmouna Doucouré
– Tout simplement noir de Jean-Pascal Zadi et John Wax
 Un divan à Tunis de Manele Labidi

–> Mignonnes sera-t-il soutenu dans son propre pays après avoir été injustement décrié ? Nicolas Maury aura-t-il un lot de consolation après son exploitation écourtée ? Face à Deux, ce sera compliqué. 

Meilleur Film Étranger :

– 1917 de Sam Mendes
– La communion de Jan Komasa
– Dark Waters de Todd Haynes
– Drunk de Thomas Vinterberg
– Eva en août de Jonas Trueba

–> Chouchou de la rédaction et très apprécié par le public français entre les deux confinements, Drunk de Thomas Vinterberg ferait un très beau gagnant dans cette catégorie.

Meilleure réalisation :

– Albert Dupontel pour Adieu les cons
– Maïwenn pour ADN
– Sébastien Lifshitz pour Adolescentes
– Emmanuel Mouret pour Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait
– François Ozon pour Eté 85

–> Avec l’ancien règlement fumeux, la meilleure réalisation ne pouvait aller au metteur en scène du meilleur film. De ce fait, on voyait Albert Dupontel l’emporter grâce à son joli succès public. Sauf que Sébastien Lifshitz, qui a signé deux bijoux de documentaires cette année (Petite fille et Adolescentes) mériterait vraiment de voir son travail enfin honoré. On croise les doigts pour lui. On croise aussi les doigts pour que Maïwenn Le Besco rentre chez elle bredouille. (Pardon)

Meilleur Film :

Adieu les cons d’Albert Dupontel
– Adolescentes de Sébastien Lifshitz
– Antoinette dans les Cévennes de Caroline Vignal
– Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait d’Emmanuel Mouret
– Eté 85 de François Ozon

–> Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait pourrait consacrer Emmanuel Mouret avec un film faisant la symbiose de son cinéma si élégant. 




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