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CÉSAR 2015 | PALMARÈS : LA RELÈVE EST LÀ, TIMBUKTU TRIOMPHE

Hier soir se tenait la 40e cérémonie des César, au théâtre du Châtelet. Présentée par Edouard Baer, plutôt convaincant, et présidée par le médiocre Dany Boon, cette cérémonie a célébré le film Timbuktu et a réservé son lot de bonnes et mauvaises surprises, mais a surtout marqué par sa pesante longueur (quatre longues heures de « spectacle »). Quelques sketchs ont amusé mais les interminables discours de remerciements ont fini par lasser. Il paraît inévitable pour les organisateurs, et le diffuseur, de réfléchir à une meilleure façon de fluidifier et raccourcir cet événement s’ils ne veulent pas lasser.  

Outre cette grosse réserve, la soirée a été globalement réussie et il est désormais temps de revenir sur le palmarès de cette 40e édition sous le signe de la jeunesse et de la liberté d’expression. 

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Le triomphe (un brin abusif) de Timbuktu

On attendait Bonello, on prédisait Timbuktu. Finalement, Sissako a quasiment tout raflé avec son Timbuktu forcément sollicité dans le contexte actuel. Si l’on ne remet pas forcément en question ses qualités et son engagement, on ne peut que regretter qu’il ait trusté à ce point les récompenses majeures. Meilleur réalisateur, meilleur scénario, meilleur montage, meilleur son, meilleure photographie, meilleure musique de film et bien sûr meilleur film. Cette razzia paraît un peu abusive au regard de la concurrence très qualitative.

En toute logique, Sils Maria aurait – au moins – du repartir avec le César du meilleur scénario tant le support d’Olivier Assayas était brillant. Dans la même idée, le groupe HitNRun ayant composé la bande-originale entrainante de Les Combattants aurait du être récompensé. 

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Kristen Stewart, une évidence. Sils Maria injustement boudé. 

Nous le clamions haut et fort. La comédienne méritait le César tellement sa prestation dans Sils Maria éclipsait (presque) la formidable Juliette Binoche. Légitimement, Kristen Stewart a été récompensée hier soir, devenant la première actrice américaine à remporter le précieux sésame français. N’en déplaise à ses détracteurs, ce prix est grandement mérité et illustre qu’il y a davantage à voir chez elle qu’une simple starlette ayant tourné dans la saga Twilight. On est revanche très déçus qu’Olivier Assayas n’ait rien reçu, lui qui a pourtant été récompensé du Prix Delluc saluant légitimement le meilleur film français de l’année. Cet oubli de l’Académie n’est pas sans rappeler le sort réservé à l’extraordinaire La Vie d’Adèle l’an passé, seulement reparti avec un prix d’interprétation pour Adèle Exarchopoulos (aussi archi-favorite que Kristen Stewart). 

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Pierre Niney, Adèle Haenel, Reda Kateb… La relève est là !

Outre le sacre de la jeune Kristen Stewart, 24 ans, cette 40e cérémonie a fait place à la jeunesse. Ainsi, trois comédiens montants ont dominé le palmarès de cette édition anniversaire. Chez les femmes, la (bonne) surprise est venue d’Adèle Haenel, qui a remporté le César de la meilleure actrice après avoir décroché l’an passé celui du meilleur second rôle pour Suzanne. On attendait Juliette Binoche, Emilie Dequenne voire Marion Cotillard, pourtant c’est bien la comédienne des Combattants qui a vaincu la concurrence.

Chez les hommes, le palmarès est assez logique. Pierre Niney, aussi juste dans Yves Saint-Laurent que dans son discours de remerciement, a battu son adversaire direct Gaspard Ulliel et terminé en tête devant de sérieux prétendants (Romain Duris, Guillaume Canet). Reda Kateb a confirmé mon pronostic en décrochant une statuette récompensant sa très belle année et sa prestation dans Hippocrate. Enfin, Kevin Azaïs a été salué d’un César du meilleur espoir masculin face à une concurrence plus faible. 

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Après Cannes, Mommy salué par un César du meilleur film étranger

Pressenti un temps pour la Palme, Xavier Dolan n’était reparti de Cannes qu’avec le Prix du Jury. Son film, Mommy, avait été très chaleureusement accueilli lors de sa sortie en salle très médiatisée. Le jeune réalisateur québécois, absent hier soir mais représenté par son amie Suzanne Clément, pourra digérer sa petite déception de ne pas être aux Oscars en ajoutant ce beau trophée français à sa collection. Si l’on n’aurait pas été contre une victoire du fantastique Boyhood – que l’on souhaite voir triompher dimanche soir aux USA, on se réjouit de la victoire d’un cinéaste pour lequel notre affection ne fait que croître depuis J’ai tué ma mère. Enfin, que le poignant Mommy succède au bouleversant Alabama Monroe est un symbole fort qui ne peut que nous plaire. 

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La mauvaise blague Louane, déception pour Joséphine Japy

Alors que l’on imaginait déjà l’une des deux jeunes actrices de Respire récompensée pour leur belle prestation dans le film de Mélanie Laurent, la mauvaise surprise est arrivée. L’Académie, comme pour se donner bonne conscience et évincer tout soupçon de snober les comédies populaires, a offert sur un plateau le César du meilleur espoir féminin à Louane Emera. Pas franchement convaincante dans la soupe d’Eric Lartigau, la jeune révélée par The Voice montrait toutes ses limites d’actrice dans La famille Bélier et n’émouvait que lors de deux scènes chantées. Cela ne nécessitait pas forcément la reconnaissance. Nous aurions aimé que leur plébiscite se porte sur Joséphine Japy ou Lou de Laâge, voire Karidja Touré (figure de proue de Bande de filles), mais les votants ont fait leur choix : celui du buzz. 

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Les Combattants, meilleur premier film

Enfin, saluons le travail de Thomas Cailley et son rafraîchissant Les combattants qui aura permis à ses deux comédiens de repartir, eux aussi, avec un César. Le très prometteur réalisateur confirme que la relève du cinéma français est bien là et que nous sommes encore capables de faire rire sans abrutir. Et rien que pour ça, les trois César des Combattants font chaud au coeur. Un prix du meilleur premier film amplement justifié.  

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Emmanuel
9 années il y a

Bonsoir !

Très beau compte-rendu même si j’ai des réserves très fortes sur Édouard Baer que je n’ai pas trouvé convainquant : limite fatigué, voire à la recherche du cacheton.

Une cérémonie trop longue ! Et de belles surprises, des succès mérités (Timbuktu film et réalisateur, après 7/8… Peut être pas autant), Kristen (malgré l’oubli de Juliette), Pierre (même si Reda aurait dû être dans la catégorie meilleur acteur).

Et deux sacrés bons moments : Zabou et la vanne drôle quand Julie G. est arrivée.

Merci pour ce retour sur la longue soirée d’hier… Concis et bref, ça change des remerciements !

Fanny
9 années il y a

Je retiendrai les mots de Pierre Niney, ou plutot le mot : bienveillance. Et je suis rassurée de voir qu’effectivement, la relève est bien assurée. Beau résumé d’une intense soirée 😉

Marla
9 années il y a

Je rejoins en tous points ton article.

Je suis aussi un peu déçue pour Sils Maria, je l’aurais bien vu remporté la meilleure réalisation, en plus du scénario.

Timbuktu était tout de même mon favori, et pour cause: http://marlasmovies.blogspot.fr/2014/12/timbuktu-chant-de-colere.html

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9 années il y a

[…] triomphe de Timbuktu, couronné de sept compressions dorées, a marqué la 40e édition des César. En décembre, dans sa critique élogieuse du film, Julian déplorait que le film de Sissako ait […]

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9 années il y a

[…] pas fait trop spoilé par la bande-annonce tournant en boucle dans les salles. Dans le rôle titre, le très fraîchement césarisé Pierre Niney effectue ses premiers pas dans un genre qu’il avait jusqu’à présent déserté. […]

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