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CE QUI NOUS LIE

Bon millésime

Jean a quitté sa famille et sa Bourgogne natale il y a dix ans pour faire le tour du monde. En apprenant la mort imminente de son père, il revient dans la terre de son enfance. Il retrouve sa sœur, Juliette, et son frère, Jérémie. Leur père meurt juste avant le début des vendanges. En l’espace d’un an, au rythme des saisons qui s’enchaînent, ces 3 jeunes adultes vont retrouver ou réinventer leur fraternité, s’épanouissant et mûrissant en même temps que le vin qu’ils fabriquent.

Joli cru.

Le cinéma de Cédric Klapisch est avant tout un cinéma de personnages et de relations humaines, et Ce qui nous lie s’inscrit parfaitement dans la continuité de la filmographie du réalisateur. À la fois film somme et nouvelle pierre à l’édifice, ce nouveau millésime brasse les thèmes récurrents de l’œuvre du cinéaste avec un nouveau regard, celui de l’air du temps (une constante chez Klapisch) et celui de la maturité d’un homme de la cinquantaine. On retrouve ainsi dans l’histoire de ces trois frères et sœurs qui doivent reprendre le domaine viticole familial à la mort de leur père, un récit d’émancipation et de découverte de soi qui n’est pas sans rappeler celui de L’Auberge espagnole, auquel vient s’ajouter le thème de la famille, déjà développé par le réalisateur dans Un air de famille, Peut-être ou Casse-tête chinois, mais qui prend ici une dimension plus importante et surtout différente. Si la fin de son précédent film imposait déjà une volonté de se poser et d’arrêter de courir le monde pour se concentrer sur ses proches, Klapisch semble aujourd’hui plus que jamais vouloir revenir à ses racines, se tourner vers le passé pour prendre conscience du temps qui passe. La figure de l’enfance et le regard qu’elle a sur des personnages devenus adultes, souvent en filigrane dans l’œuvre de Klapisch (les courtes séquences en flashback dans L’Auberge espagnole ou Un air de famille), prend ici une place majeure. La figure paternelle également. Souvent mis à mal ou brillant par son absence chez le réalisateur, le père conserve ces caractéristiques dans ce nouvel opus, mais pour finir par les transcender. Le récit d’émancipation klapischien prend ainsi une nouvelle dimension, plus tournée vers les autres, vers les valeurs familiales et les racines, tout en étant toujours ouverte à l’avenir.

Ce rapport au temps intervient également directement dans la construction narrative du long-métrage. Alors que la plupart des précédents films du réalisateur se déroulaient à un rythme effréné, Ce qui nous lie laisse son action s’écouler lentement, au fil des saisons (le tournage s’est d’ailleurs étendu sur un an). Et si la mondialisation est toujours là, en arrière-plan, l’exaltation des grandes métropoles a fait place au calme de la campagne et des vignobles. Si le vin a ici été choisi pour sa dimension métaphorique (son impact culturel a traversé l’histoire de l’humanité et a toujours su rassembler les êtres), il y a aussi une volonté, habituelle chez le réalisateur, de s’inscrire dans l’air du temps, avec en filigrane un discours écologique, celui d’une agriculture raisonnée, d’un amour de l’artisanat, de la terre, loin de la culture intensive. Le sous-texte est certes discret mais bien là, n’excluant par ailleurs pas la réalité sociale de l’agriculture française.

A lire ces deux premiers paragraphes, on se pourrait penser que Ce qui nous lie semble bien grave. Rassurez-vous, Cédric Klapisch a conservé son ton habituel, celui de l’émotion et de la justesse doublé d’un subtil sens de l’humour. D’une mémorable soirée de fin de vendanges à quelques jolies séquences familiales, Ce qui nous lie offre son lot de sourires et de rires. D’autant que le réalisateur trouve en Pio Marmaï, Ana Girardot et François Civil, de nouveaux alliés de choix. Le premier se fond dans un rôle taillé sur-mesure pour lui, la seconde livre une magnifique prestation faussement discrète et réellement touchante, tandis que le dernier emporte le capital sympathie du spectateur par son indéniable potentiel comique.

Le nouveau cru Klapisch s’avère ainsi le parfait reflet de son auteur qui, loin de la prétention des certaines grandes appellations, possède la simplicité et la générosité, mais sans renier sur la subtilité, des cuvées de terroir, que l’on aime partager entre amis et qui nous procure le plaisir le plus beau qui soit, celui du cœur.

La fiche

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CE QUI NOUS LIE
Réalisé par Cédric Klapisch
Avec Pio Marmai, Ana Girardot, François Civil…
France – Drame 
Sortie : 14 juin 2017
Durée : 113
 min




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