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CARTE BLANCHE | LE SYNDROME DE STENDHAL

Carte blanche est de retour ! Notre rendez-vous bi-mensuel pour tous les cinéphiles revient. Deux fois par mois, Le Bleu du Miroir accueille un invité qui se penche sur un grand classique du cinéma, reconnu ou méconnu. Pour cette neuvième occurence, nous avons choisi de tendre la plume à Nassim, signature de qualité du site Cinema Club FR. Répondant à notre invitation, il choisit de revenir sur un film déprécié du maître italien Dario Argento, Le syndrome de Stendhal

Carte blanche à… Nassim C.

Depuis pas mal d’années, beaucoup s’accordent à dire que Dario Argento a perdu de son génie. Facile de pointer du doigt le travail récent, et souvent de bien piètre qualité, de celui qui nous a offert de petits bijoux tels que Suspiria, Les Frissons de l’Angoisse ou encore Inferno dans les années 70 et 80. Il reste pourtant des films après cette époque qui, au milieu des nombreux échecs successifs du réalisateur italien, tirent leur épingle du jeu. C’est notamment le cas de son Syndrome de Stendhal réalisé en 1996. Retour sur ce chef d’œuvre mésestimé.

Ce qui frappe dès les premières minutes du film, c’est sa musique. Composée par Ennio Morricone, celle-ci pose immédiatement une ambiance onirique, étrange. Cette même musique accompagne d’ailleurs une introduction des plus fascinantes pendant laquelle le personnage d’Asia Argento, Anna Manni, déambule dans les allées d’un musée à Florence. Puis arrive le malaise qui vient saisir la jeune femme, le syndrome de Stendhal, que Dario Argento arrive à retranscrire à la perfection grâce au travail de Morricone mais également le soin apporté à l’image, le montage de différents plans montrant les tableaux « frappant » Anna Manni jusqu’à plonger celle-ci dans une amnésie totale. Une amnésie partagée par le spectateur puisque celui-ci se retrouve directement au cœur de l’action et ignore tout de la présence de Anna dans ce musée, elle qui semble totalement perdue. Et c’est là la grande force du Syndrome de Stendhal : réussir à faire rentrer le spectateur dans la tête de son héroïne et faire ressentir sa peur, son désarroi et le changement psychologique (et physique) qui va s’opérer chez elle au fil du récit. L’immersion est également renforcée par ses passages pendant lesquels Anna pénètre littéralement à l’intérieur des tableaux.

On partage donc sa souffrance lorsqu’elle se fait violer et torturer à de nombreuses reprises mais également sa haine vis-à-vis de son bourreau… Dario Argento n’hésite pas à filmer de manière brutale et sans détour, en mettant l’accent sur l’hémoglobine, ces scènes éprouvantes et terrifiantes. Terrifiantes également car le « méchant » n’est rien d’autre qu’un être humain, rendant au passage ses actes encore plus abominables. Ce monstre, interprété par un Thomas Kretschmann calme et manipulateur, s’immisce de manière pernicieuse dans l’esprit de Anna avec une perversité qui ne peut que faire froid dans le dos, provoquant le changement de personnalité de la jeune femme.

Une grande partie du succès de ce film repose évidemment sur la performance de Asia Argento, fille du réalisateur. Tantôt perdue, tantôt agressive et manipulatrice, l’actrice repousse ses limites sous la direction de son père dans des scènes que l’on imagine très compliquées à tourner sous l’œil de son paternel. Peut-être cette relation étrange entre Asia et Dario fait partie de l’aura que dégage Le Syndrome de Stendhal. Pas étonnant donc que l’actrice ait déclaré à propos de ses collaborations avec son père : « J’ai travaillé avec mon père pour qu’il m’aime. ».

Le Syndrome de Stendhal est donc une réussite du réalisateur Dario Argento. Un film parfois oublié au milieu de sa filmographie un peu en difficulté ces dernières années, mais qui vaut le détour pour ses qualités esthétiques, l’évolution progressive du personnage de Anna et les scènes angoissantes dont il est parsemé. L’unique défaut du Syndrome de Stendhal ? L’utilisation de CGI, souvent ratés (il faut aussi dire que le temps d’aide pas, le film ayant presque vingt ans).

Nassim C. 

La fiche

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LE SYNDROME DE STENDHAL
Réalisé par Dario Argento
Avec Asia Argento, Thomas Kretschmann, Marco Leonardi…
Italie – Thriller
Sortie en salle : 1999
Durée : 120 min




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