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CANNES 2018 | La sélection officielle

Plus que d’ordinaire, l’impatience était à son comble dans les rangs des futurs festivaliers à l’annonce des candidats qui convoiteront la Palme d’Or en mai prochain. Rares auront, en effet, été ces années riches en spéculations diverses et variées, à se révéler, en définitive, éloignées de la réalité d’une sélection hétéroclite et atypique.

Une nouvelle ère

Dès son introduction, Thierry Frémaux a immédiatement souligné un désir de « fort renouvellement » et l’émergence d’une « génération de cinéastes » mise à l’honneur au sein d’une compétition faisant valser les habitudes. Tandis que de nombreux fidèles étaient attendus tout en haut des marches (on pense à Jacques Audiard, à Paolo Sorrentino, à Xavier Dolan ou encore à Nuri Bilge Ceylan), ce sont finalement beaucoup de nouveaux venus qui vont pouvoir se disputer les faveurs de Cate Blanchett et de son jury.

Après des passages remarqués dans des sections parallèles comme Un Certain Regard ou la Semaine de la Critique, Nadine Labaki (Capharnaüm), David Robert Mitchell (Under The Silver Lake) ou Kirill Serebrennikov (L’Été) plongeront ainsi dans le grand bain de la compétition cannoise. A leurs côtés, Ryusuke Hamaguchi (Asako I & II), Eva Husson (Les Filles du Soleil) et Pawel Pawlikowski (Cold War) découvriront les joies (ou les peines) du festival pour la première fois tout comme la petite curiosité de ces dix-huit longs-métrages, un premier film égyptien de A.B. Shawky intitulé Yomeddine. On espère de tout cœur qu’il sera digne du dernier coup d’essai présenté directement en compétition (Le Fils de Saul) et qu’il signera, à son tour, la naissance d’un cinéaste.

Cate Blanchett présidente du jury de Cannes

Quelques habitués résistent

Impossible de faire une liste exhaustive de tous ces réalisateurs que l’on aurait aimé voir briguer la Palme d’Or tant les absents composent, à eux seuls, un impressionnant catalogue de références qui pourrait constituer un vivier important pour les prochains festivals de Venise et de Toronto. Pourtant choyés par Cannes ces dernières années, Nuri Bilge Ceylan et Paolo Sorrentino se retrouvent gentiment exclus de la Croisette à l’image de Pierre Schoeller, de Laszlo Nemes, d’Olivier Assayas ou de Yorgos Lanthimos. Rien n’est jamais acquis et Thierry Frémaux l’a rappelé en souhaitant montrer la « vitalité de l’art cinématographique » et « dessiner quelque chose de ce qu’est le cinéma en 2018 ». Dans cette volonté d’ouverture et avant quelques probables ajouts dans les jours qui viennent, on retiendra tout de même les retours de Stéphane Brizé (fidèle à son acteur fétiche, Vincent Lindon, après La Loi du Marché, dans En Guerre), de Matteo Garrone (Dogman), de Jia Zhang-Ke (Ash Is Purest White) mais aussi d’Hirokazu Kore-Eda (Shoplifters). Dans le clan français, Jean-Luc Godard viendra (ou non) présenter son nouveau long-métrage, Le Livre d’image, alors que Christophe Honoré (Plaire, aimer et courir vite) renouera avec les honneurs de la compétition onze ans après Les Chansons d’amour.

Selfies, parité et Netflix

A l’heure où le monde tourne plus vite que nous, les polémiques ayant secoué la planète cinématographique ces derniers mois ont logiquement refait surface dans les questions posées à Thierry Frémaux et à Pierre Lescure. A l’issue d’un vaste échange sur l’absence de parité hommes/femmes (inévitable ?) et quelques mots rapides sur l’affaire Weinstein, le délégué général a choisi de tendre la main à Ted Sarandos, le directeur des contenus de Netflix. Tout en maintenant fermement ses propos sur la nécessité de la diffusion en salles, Thierry Frémaux a révélé que deux films avaient été réclamés par le comité (on devine qu’il s’agissait de Roma et The Other Side Of The Wind) mais que Netflix ne désirait pas les amener sur la Croisette. Le sélectionneur a néanmoins assuré qu’un « dialogue fructueux » était en cours, « contrairement aux apparences ». Les débats sont donc loin d’être terminés.

Netflix en froid avec le festival de Cannes ?

Après l’annonce d’une nouvelle organisation bousculant les grilles horaires, tous les journalistes n’avaient qu’une interrogation à la bouche : comment vont se dérouler les projections ? Très longuement, Pierre Lescure et Thierry Frémaux ont expliqué les changements (la projection presse aura lieu en même temps que la projection officielle) et les autres possibilités de visionnages. Des confirmations et des aménagements qui ont fait grincer quelques dents et n’ont pas eu l’air de rassurer une profession inquiète de ne pas pouvoir exercer son travail sereinement. Enfin, l’interdiction des selfies, déjà évoquée il y a deux ans, entrera définitivement en vigueur cette année. En cause, la pagaille générée sur le tapis rouge, « le manque de respect » relevé par Pierre Lescure et le retard (fréquent) des séances. Thierry Frémaux l’a affirmé : « On vient au festival pour voir, pas pour être vu », souhaitons alors que cette 71ème édition nous offre des surprises à la hauteur de cette promesse.

 

Lire aussi : Le palmarès de la précédente édition.




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