CANNES 2015 | JOUR 10 : Déceptions et baiser volé
Avec sa présidence à deux têtes, le 68e Festival de Cannes réserve de belles promesses. Chaque jour, nous ferons le point sur les films présentés, les faits marquants et vous livrerons quelques avis express et critiques complètes, en nous prêtant au jeu des pronostics quant aux prétendants à la récompense suprême. Avec ses deux envoyés spéciaux cannois, Le Bleu du Miroir vous permettra de garder un oeil (ou deux) sur ce qu’il se passe sur la Croisette.
Jour 10 : Déceptions et baiser volé…
Alors que le festival touche pratiquement à sa fin, un dernier fllm français été présenté en compétition. Réunissant Isabelle Huppert et Gérard Depardieu, Valley of love a plutôt convaincu notre envoyée-spéciale :
« Tandis que des cinéastes tels qu’Arnaud Desplechin ou Apichatpong Weerasethakul se sont vus refuser les honneurs de la compétition, c’est finalement Guillaume Nicloux qui a été chargé de compléter une imposante sélection française. Réunissant à l’écran Gérard Depardieu et Isabelle Huppert (tous deux excellents) dans un road-trip mystique, The Valley of Love s’impose comme une séduisante surprise capable de mêler intime et fantastique dans un film d’une simplicité rafraîchissante. » – Céline B. – Chances de figurer au palmarès : 20%. Peu de chances, malheureusement, que le film, trop « petit », se hisse aux côtés de certains mastodontes.
Lors de la présentation du film, ce gros goujat coquin de Gérard Depardieu en a profité pour voler un baiser à Isabelle Huppert. Frustration sexuelle et alcool ne feraient donc pas bon ménage ?
L’adaptation cinématographique du célèbre (et magique) ouvrage d’Antoine de Saint-Exupery, Le Petit Prince, était également présentée en ce vendredi 22 Mai. Mais notre chroniqueuse a très peu goûté ce film « catastrophique » et reviendra dessus très prochainement.
Enfin, après avoir reçu le Prix Un Certain Regard en 2012 pour son détestable Después de Lucía, le cinéaste mexicain Michel Franco revient à Cannes avec le drame Chronic mettant en scène Tim Roth. Vaut-il le coup d’oeil ? Pas vraiment, selon notre chroniqueuse, qui n’y va pas par quatre chemins :
« Le pire film vu en compétition cette année. Mise en scène clinique (uniquement en plans fixes) qui rappelle le pire d’Haneke avec ses petits bonheurs de la fin de la vie et un dénouement intolérable, une oeuvre putassière qui a vidé le Grand théâtre en un clin d’oeil… Un film qui donne envie de se jeter du balcon. » – Céline B.
Jour 9 : Le calme après la tempête…
Après la bousculade autour du dernier film de Gaspar Noé (finalement un sacré pétard mouillé), la 9e journée a été plutôt calme avec deux films visionnés par notre chroniqueuse cannoise, Dheepan et The Assassin.
Le dernier Audiard, entièrement tourné avec des comédiens sri-lankais, ne l’a guère emballée :
« Dheepan est une vraie déception. Difficile de croire que Jacques Audiard est derrière ce projet. Un petit cru, scénaristiquement assez faible. On était en droit d’en attendre davantage de la part du réalisateur d’Un prophète. » – C.B. – Chances de figurer au palmarès : 50%. Difficile de faire un pronostic mais un prix de la mise en scène serait plus que probable.
The Assassin n’a pas vraiment emballé nos deux envoyés-spéciaux qui l’ont trouvé formellement beau mais plutôt soporifique. > > > Lire aussi : la mini-critique du film.
Jour 8 : Toc, vulgarité et cohue…
Cette huitième journée cannoise fut, à en croire notre envoyée-spéciale, la plus pénible de ce début de festival. Le point culminant de celle-ci fut la projection de minuit, celle du très attendu LOVE, de Gaspar Noé. Grosse cohue à l’entrée du Palais, chacun jouant des coudes pour découvrir le nouvel objet sulfureux proposé par le réalisateur d’Enter the void et Irreversible – qui lui avait valu une bronca en 2002. Malheureusement, le film n’est pas à la hauteur des attentes :
> > > Lire aussi : la critique du film
Florent Dufour, lui, est à peine plus emballé :
« Noé filme très bien les scènes de cul. La partie « porno » est donc plutôt chouette mais la partie « love » est particulièrement ratée. Les dialogues et les acteurs ne sont clairement pas au niveau. Et la fin, avec sa petite morale, est interminable… Tout le monde s’attendait à une projo houleuse, épique, le public était chaud… pour pas grand chose, au final. Une mise en scène bien sage où Noé n’expérimente guère. On s’ennuie. » – Florent
Avant cette séance de minuit très décevante fut projetée YOUTH de Paolo Sorrentino. Si certains le voient déjà comme une Palme potentielle, notre rédactrice, elle, juge le film particulièrement détestable car vain, suffisant et superficiel.
> > > Lire aussi : la critique du film
Jour 7 : Villeneuve et Donzelli divisent la Croisette…
Ce 7e jour de Festival de Cannes aura été celui de la division. Le très attendu SICARIO de Denis Villeneuve (Prisoners, Enemy, Incendies) avec Benicio Del Toro et Emily Blunt était présenté… Certains y ont vu un polar fabuleux, tandis que d’autres ont regretté l’impression de déjà-vu ressentie au visionnage :
« À chaud, impression de film inabouti dans son écriture (beaucoup de confusion, récit très linéaire) et surtout de déjà-vu (ailleurs, et en mieux). Comme souvent, il est difficile de savoir quelle direction emprunte le cinéma de Villeneuve. Ce Sicario mixe Michael Mann et Kathryn Bigelow – un segment du film est un quasi-plagiat de Zero Dark Thirty. Benicio Del Toro est très bien tandis qu’Emily Blunt n’a strictement rien à jouer. Retenons toutefois la superbe photographie de Roger Deakins et géniale scène d’ouverture ». – Céline B.
Avec un accueil encore plus mitigé, Marguerite et Julien n’a pas acquis la faveur des festivaliers, recevant même quelques critiques assassines – injustifiées pour notre rédactrice sur place qui l’a beaucoup apprécié :
> > > Lire aussi : la critique du film
S’il parait peu probable que le film figure au palmarès, certaines oeuvres contestées ont toutefois su créer la surprise en décrochant une récompense. C’est tout le mal que l’on souhaite à Valérie Donzelli, cinéaste audacieuse et attachante, et à ses deux comédiens, Jérémie Elkaïm et Anaïs Demoustier.
Jour 6 : Vincent Lindon et Pixar font chavirer les coeurs…
La deuxième semaine débute sur de belles couleurs, celles d’une renaissance : Pixar a trop souvent déçu, mais Pete Docter (Là haut, Toy Story 3) arrive pour résusciter notre émerveillement. Son Vice Versa a complètement charmé les festivaliers et l’accueil fut très enthousiaste pour ce film qui aurait aisément pu se retrouver en compétition. Pourquoi ne pas lui avoir fait une place ? Ainsi, les équipes US et françaises du film étaient présentes sur la Croisette, avec la présence de la génialement irrésistible Amy Poehler (Parks and Rec !) et des autres comédiens prêtant leurs voix aux personnages virtuels…
Notre envoyée-spéciale a été complètement conquise :
> > > Lire aussi : la critique du film
Mais ce lundi fut aussi le jour de présentation de La loi du marché, film contesté au moment de sa sélection et pourtant résolument précieux… Stéphane Brizé et son comédien Vincent Lindon, remarquable une nouvelle fois, ont reçu un accueil très chaleureux de la part du public cannois (voir notre vidéo). Le film, quant à lui, a été très apprécié par l’équipe du site (tant par ceux présents sur Cannes que par nos rédacteurs restés sur Paris), alors qu’il est déjà question d’un prix d’interprétation pour Vincent Lindon.
> > > Lire aussi : la critique du film
Jour 5 : Cate Blanchett et Rooney Mara envoûtent Cannes…
Ce jour 5 débute sur les plus belles auspices avec la présentation officielle de CAROL, du réalisateur Todd Haynes (I’m not there, Velvet Goldmine, Safe, Loin du Paradis…). Après le photo-call où Cate Blanchett et Rooney Mara ont envoûté le public, l’équipe s’est présentée à la conférence de presse avant de fouler dans quelques heures le tapis rouge… L’avis de notre envoyée-spéciale : « Tantôt intenses ou émouvantes, Cate Blanchett et Rooney Mara sont d’une précision remarquable et donnent corps à de beaux personnages auxquels il ne manque qu’un souffle et une ampleur romanesque plus puissants pour marquer les mémoires. » – Chances de figurer au palmarès : 60% Cate Blanchett est une sérieuse concurrente au prix d’interprétation… Voire Rooney Mara. Ou les deux ? > > > Lire aussi : notre critique du film.
MON ROI
La presse et le public ont pu le 4e essai de Maïwenn Le Besco, Mon Roi. Notre rédactrice, Céline B., n’a pas été convaincue, ce qui est également le cas de notre envoyé-spécial (Florent D.) qui vient nourrir certains retours très évocateurs… Hormis un Prix du Jury surprenant, seuls le tandem d’acteurs principaux peut espérer repartir avec une récompense. > > > Lire aussi : notre critique du film
Jour 4 : Torrent d’émotions sur la Croisette…
Cette quatrième journée cannoise fut celle de l’émotion. Pour commencer, les premiers retours sur le très attendu Carol, de Todd Haynes, ont été particulièrement positifs – de nombreuses plumes appelant à récompenser Cate Blanchett et Rooney Mara, renforçant notre impatience déjà importante – croisons les doigts pour que l’un de nos envoyés-spéciaux puisse le découvrir demain pour sa présentation officielle… La journée s’est poursuivie avec la présentation officielle de Mia Madre avec et John Turturro. La projection de gala a produit son petit effet puisque le dernier film de Nanni Moretti a littéralement bouleversé la Croisette. De nombreuses voix s’élèvent pour que le cinéaste italien récolte la récompense suprême, d’autres vantant la superbe prestation des deux comédiens principaux. Notre chroniqueuse Céline Bourdin l’a vu : « Un long-métrage douloureusement universel, l’hommage subtil et tendre d’un fils à sa mère disparue… » – Chances de figurer au palmarès : 80% Un prix d’interprétation pour Margherita Buy semble fort probable, à moins que le jury ne décide de lui attribuer une plus grande récompense. > > > Lire aussi : la critique de Mia Madre
Ovation (méritée) pour le film de Nanni Moretti, #MiaMadre, hier en projection officielle. #Cannes2015 pic.twitter.com/qMPbwCqB6M — Céline Bourdin (@bourdinceline) 17 Mai 2015
La journée s’est terminée par la projection du documentaire AMY, consacré à la chanteuse disparue Amy Winehouse et les premiers échos font état d’un film très émouvant. Notre critique très bientôt sur LBDM.
Jour 3 : On passe aux choses sérieuses…
Le deuxième fut jour décevant, le troisième a définitivement lancé la compétition pour nos envoyés-spéciaux qui ont pu voir le glaçant Le fils de Saul et le très original The Lobster (notre critique), deux films qui ont conquis notre rédactrice Céline Bourdin et qui s’affirment d’ores et déjà comme deux prétendants sérieux. Les festivaliers ont également pu profiter de la montée des marches d’un casting très glamour, composé notamment de Rachel Weisz (sublime), Ben Whishaw, Lea Seydoux et Colin Farrell… Chances de figurer au palmarès : 70% – Le prix du scénario semble acquis mais la singularité du long-métrage pourrait lui permettre de viser plus haut.
> > > Lire aussi : la critique de The Lobster.
Notons également que cette 3ème journée a été ponctuée par un accueil très froid pour le dernier long-métrage de Gus Van Sant, Sea of Trees, copieusement sifflé à l’issue de sa projection… Cette Forêt des songes n’a visiblement pas plu aux festivaliers qui ont conspué le film avec Matthew McConaughey. Notre envoyé spécial, Florent Dufour, se montre un peu moins sévère et condamne même ce traitement irrespectueux…
> > > Lire aussi : Notre critique du film.
LE FILS DE SAUL
Le premier film du cinéaste hongrois a, selon elle, de grandes chances de figurer au palmarès :
« László Nemes réalise un tour de force, éloigné de toute complaisance, en poussant le curseur de l’immersion sensorielle à son maximum ». C. B.
> > > À lire aussi : notre critique du film
Chances de figurer au palmarès : 80% On imagine mal la Caméra d’Or lui échapper, mais le film a les moyens de décrocher une récompense plus importante…
IRRATIONAL MAN (L’HOMME IRRATIONNEL)
Mais l’événement du jour était la présentation, hors compétition, du dernier film de Woody Allen (Irrational Man) avec une Emma Stone rayonnante qui a charmé la Croisette, apportant un vent de fraîcheur des plus plaisants. Le film, lui, est plutôt une satisfaction – faisant suite à plusieurs échecs artistiques de la part du cinéaste new-yorkais – même s’il reste loin des meilleurs crus alleniens.
> > > À lire aussi : Notre critique du film par Céline B.
Jour 2 : Déjà les premières déceptions…
Après un premier jour et un film d’ouverture plus qu’honorable, le festival de Cannes se poursuit pour nos envoyés-spéciaux qui ont pu découvrir d’autres films de la sélection officielle et des compétitions parallèles. Ce 2e jour a été celui des premières déceptions.
NOTRE PETITE SOEUR
Le synopsis : Le film raconte l’histoire de trois sœurs d’une vingtaine d’années qui vivent ensemble à Kamakura et qui sont rejointes par leur demi-sœur de 14 ans après la mort de leur père. Le film est basé sur la série de manga Kamakura Diary d’Akimi Yoshida.
Critique express : « Deux ans après avoir reçu le Prix du Jury pour « Tel père, tel fils », Hirokazu Kore-Eda retrouve la compétition avec « Umimachi Diary » (Notre petite sœur), l’adaptation du manga éponyme de Akimi Yoshida. Délicat mais un peu trop tendre, le successeur de « Still Walking » vaut surtout pour son quatuor féminin, touchant de sensibilité, et la pudeur de son réalisateur lorsqu’il évoque le poids d’un héritage familial légué à des enfants incapables de s’affranchir des erreurs commises par leurs parents. Dès lors, malgré cette problématique passionnante, on ne peut qu’exprimer quelques regrets face à une ouverture de compétition qui oublie de nous bouleverser à force de nous bercer… » Céline Bourdin.
Chances de figurer au palmarès : 20% (hormis pour un prix d’interprétation décerné aux quatre actrices)
De son côté, Florent Dufour a peu goûté la froideur du film hongrois Le fils de Saul, annoncé par Thierry Frémaux comme « scandaleux » :
Mais cette journée a aussi été marquée par la projection de gala de Mad Max : Fury Road avec Tom Hardy, Charlize Theron et Nicholas Hoult (notamment), nouveau volet de la saga débarqué trente après le dernier qui mettait en scène l’illustre Mel Gibson. Le très attendu blockbuster a divisé la rédaction comme en témoigne notre critique du film ainsi que les tweets de nos rédacteurs :
Jour 1 : Une ouverture la tête haute !
Je déclare ouvert le 68e Festival de Cannes. C’est en ces mots que la sublime Julianne Moore a lancé les hostilités, clôturant une cérémonie d’ouverture marquée par le très bel hommage rendu par Benjamin Millepied et ses danseurs au grand classique d’Alfred Hitchcock, Vertigo.
S’en est suivie la présentation du film d’ouverture, La tête haute, d’Emmanuelle Bercot. L’an passé, les festivaliers avaient du s’infliger le désastreux Grace de Monaco de Dahan… Cette année, le Festival démarre sur une plus belle impression avec un film qui a plutôt conquis notre rédaction, même si certains chroniqueurs sont plus réservés que d’autres. Découvrez notre critique du film.
Le synopsis : Le parcours éducatif de Malony, de six à dix-huit ans, qu’une juge des enfants et un éducateur tentent inlassablement de sauver.
Plus tôt dans la journée, notre rédacteur Florent Dufour avait pu découvrir le très haut en couleurs The Tale of Tales de Matteo Garrone, annoncé pour le 1er Juillet sur nos écrans. Et le moins que l’on puisse dire est qu’il n’a pas laissé indifférent notre envoyé-spécial…
THE TALE OF TALES
Le synopsis : Il était une fois trois royaumes voisins où dans de merveilleux châteaux régnaient rois et reines, princes et princesses : un roi fornicateur et libertin, un autre captivé par un étrange animal, une reine obsédée par son désir d’enfant… Sorciers et fées, monstres redoutables, ogre et vieilles lavandières, saltimbanques et courtisans sont les héros de cette libre interprétation des célèbres contes de Giambattista Basile.
Notre rédactrice Céline Bourdin a, elle, trouvé plus de qualités à ce conte de fées excentrique :
Esthétiquement remarquable, habile mélange de burlesque et de macabre, le film n’en demeure pas moins très inégal, souffrant d’une narration approximative et d’une structure peu convaincante, tout en restant une proposition artistique suffisamment singulière pour mériter le coup d’œil.
> > > À lire aussi : sa critique complète du film.
Chances de figurer au palmarès : 60% – Grand habitué du festival (il a déjà été récompensé de deux Grand Prix), Matteo Garrone pourrait ajouter le prix de la mise en scène à sa collection.