BLUE RUIN
Un vagabond solitaire voit sa vie bouleversée lorsqu’il retourne à sa maison d’enfance pour accomplir une vieille vengeance. Se faisant assassin amateur, il est entraîné dans un conflit brutal pour protéger sa famille qui lui est étrangère.
Débâcle
Amérique profonde. Dans sa Pontiac bleue en ruine, Dwight, tout autant en ruine que sa voiture, survit en attendant la sortie de prison du meurtrier de ses parents. Quand il apprend que ce jour est enfin venu, il relance le moteur de son tacot pour aller assouvir sa vengeance. Mais l’homme n’est visiblement pas habitué à ce genre d’exercice. Il ira au bout de son crime mais entrainera, par manque de discrétion, la riposte des proches de l’ex-prisonnier. Intéressant retournement de situation, accentué par la mue de Dwight qui recouvre une allure d’homme lambda, comme le signe d’un nouveau départ…
Après une introduction très réussie, le film retombe malheureusement comme un soufflé. Jeremy Saulnier choisit, plutôt que de poursuivre dans le pur cinéma de genre, d’opter pour le thriller contemplatif, témoin d’une Amérique à la déroute. Pourquoi pas, si son scénario, très mince et grossier, ne venait pas décrédibiliser son propos. D’autant que Jeremy Saulnier n’arrive pas à imposer un ton très clair. Certaines scènes semblent écrites au second degré, là où la mise en scène et le portait de cet homme en détresse tendent vers un certain sérieux. Jeremy Saulnier berce en effet son film d’une ambiance désabusée, qui se retrouve autant dans ses décors désertiques qu’à travers sa photographie crasseuse et réaliste (assez réussie), mais surtout dans son rythme. Le film suit l’allure de son personnage principal, dépressive et dépressiogène. Et c’est malheureusement un problème majeur pour un thriller, genre qui n’admet guère l’absence de tension.
Blue Ruin paie d’autant plus fort le prix de ses erreurs que le début du film ouvrait la porte à tous les espoirs. Mais cela nous incitera au moins à jeter un œil à la suite de la carrière de Jeremy Saulnier, dont c’est le premier film à sortir en France. Un réalisateur qui ose c’est devenu trop rare pour qu’on ne s’y intéresse pas un minimum.
La fiche
BLUE RUIN
Réalisé par Jeremy Saulnier
Avec Macon Blair, Devin Ratray, Amy Hargreaves…
Etats-Unis – Thriller, Revenge-movie
Sortie en salles : 9 juillet 2014
Durée : 92 min
Ah, tu as écrit la critique de Blue Ruin, finalement. On en a parlé sur Twitter, et je suis déçue comme toi, hélas. J’ai fait le même constat d’un film qui démarre bien et finit par s’enliser, comme une vieille voiture (bleue, par exemple.)
Mais c’est la caricature de la Virginie, région que je connais bien, qui m’a le plus choquée:
http://marlasmovies.blogspot.fr/2014/07/blue-ruin-petits-meurtres-entre-ploucs.html
Le problème est d’autant plus important que la mise en scène ne relaie pas le second degré, la caricature, d’où un déséquilibre très dommageable.
Le côté contemplatif est justement ce qui m’a séduit… ça change dans ce genre de thriller où souvent ça frappe fort sans réflexion ni soucis de renouveau… 3/4
[…] influencé par Blue Ruin, Robin Pront parvient à distiller la noirceur qui sied si brillamment à Jérémy Saulnier. Les […]