film du mois_OCT21

BILAN | Nos coups de coeur du mois d’octobre 2021

Chaque mois, les membres de la rédaction vous proposent leur film du mois, celui qu’il fallait découvrir à tout prix en salle ou dans votre salon (sorties SVOD, e-cinema…). Découvrez ci-dessous les choix de chaque rédacteur de Le Bleu du Miroir pour le mois d’octobre 2021. Ce mois, d’une sacrée richesse en termes de sorties, trois films qui se distinguent particulièrement.

 

Le choix de Thomas Périllon

Julie en 12 chapitres

JULIE (EN 12 CHAPITRES) de Joachim Trier

Déflagration émotionnelle au visionnage de Julie (en 12 chapitres) de Joachim Trier, gros coup de coeur de la sélection Cannes 2021, porté par l’irradiante Renate Reinsve et le toujours remarquable Anders Danielsen Lie. Après Oslo 31 août et Thelma, le norvégien signe avec son fidèle co-scénariste (Eskil Vogt) une superbe chronique existentielle et générationnelle, piquante et déchirante, qui résonne comme une capsule témoin. Être trentenaire dans les années 2020, suivre ses désirs et son instinct en s’accommodant des injonctions. 

Le choix de Florent Boutet

FIRST COW de Kelly Reichardt

Sortie presque inespérée après une première exploitation via plateforme et une longue dérive à travers les problèmes de distribution liés à la fermeture des cinémas, First cow est une merveille de mise en scène consacrant une fois de plus le regard unique de la réalisatrice Kelly Reichardt. Elle délivre une analyse fine de la naissance du capitalisme étasunien par l’entremise d’une vache qui cristallise les intérêts et révèle également les lignes de fractures entre travailleurs et possédants. C’est un film qui semble tout entier compris dans ce bref moment entre la fin de la nuit et le début du jour, prolongeant un sentiment d’hébétude où flotte encore les volutes oniriques de nuits trop courtes.

Le choix de Fabien Randanne

ILLUSIONS PERDUES de Xavier Giannoli

Cette adaptation du roman Illusions perdues d’Honoré de Balzac évite le piège du film en costumes corseté. Jamais le film ne se laisse écraser par le poids du classique : il vibre d’une énergie souvent réjouissante, libre, rendant hommage au verbe, à l’esprit et à la répartie. Ce récit de grandeur et de décadence, de cynisme et de culte des apparences, d’opportunisme et de manigances fait écho à notre époque. Du vrai bon cinéma populaire (au sens noble du terme) qui ne prend pas le public pour un imbécile.

Le choix d’Elodie Martin

GAZA MON AMOUR des frères Nasser

C’est au creux des territoires les plus tendus que semblent couler, cette année, les plus jolis courants de tendresse. Son titre seul annonce le ton résolument contrasté que celui de Gaza, mon amour – qui signe la rencontre insolite entre engagement et émoi, le tout sous l’œil espiègle d’une statue d’Apollon tout aussi malmenée que celui qui en fait la découverte impromptue. En choisissant d’emprunter les chemins de l’amour trop souvent ignorés entre deux seniors, les frères Nasser offrent avec cette nouvelle œuvre une chance par trop précieuse de se retrouver pour pleurer de rire et de bonheur dans nos belles salles de cinéma.

Le choix de François-Xavier Thuaud

First cow

FIRST COW de Kelly Reichardt

Le film du mois et un des films de l’année. « Nous précédons l’Histoire » dit King Lu à son ami Cookie. Comment passer de hobo à auto-entrepreneur en roulant dans la farine le propriétaire de la seule vache du continent ? Chien, chat, vache, arbre, Reichardt confie la dramaturgie au vivant. Quand le hululement de la chouette est plus vrai que nature, poétique et politique se confondent, Anne devenant Cassandre. Le dernier plan du film, d’une beauté funeste, ramène le spectateur, comme un boomerang, à la séquence d’ouverture. Mais à quoi donc nous sommes-nous mis à croire ? A la puissance du récit.

Le choix d’Eric Fontaine

JULIE (en 12 chapitres) de JOACHIM TRIER

À travers le portrait d’une jeune femme éprise de liberté et désirant vivre sa vie avec ardeur, Julie (En 12 chapitres) constituera à n’en pas douter un film miroir pour une génération. Mais pas uniquement. Il est aussi le révélateur d’un monde où le questionnement et le besoin de sens sont plus que jamais un moteur essentiel pour continuer à avancer. Traversé par des instants de poésie et de grâce, le film offre aussi des moments de profondeur, voire de gravité, sans que jamais cela ne plombe le récit, ni n’altère la fraîcheur de l’ensemble. Joachim Trier clôture donc sa trilogie d’Oslo avec une comédie dramatique très contemporaine, portée par une belle bande son et une interprétation magnifique, avec en tête la lumineuse Renate Reinsve.

Le choix de Pierre Nicolas

First cow

FIRST COW de Kelly Reichardt

Ce serait un euphémisme que de pas évoquer la sortie en salle de First cow comme d’un parcours du combattant ; et à l’arrivée : du miracle. Le nouveau film de Kelly Reichardt, comme La dernière piste, s’aventure dans une relecture du western à l’aune de la sensibilité de la cinéaste. En résulte un film d’une immense délicatesse, peinture sensorielle de l’installation dans le Pacific Northwest, et avec elle le besoin de l’amitié, la cruauté de la fièvre de l’enrichissement, les balbutiements du capitalisme, et l’impossible échappée à ces forces.

Le choix de Fabien Genestier

Illusions perdues

ILLUSIONS PERDUES de Xavier Giannoli

Xavier Giannoli ravive la flamme des grandes fresques du cinéma français qu’on croyait bien disparues. Les moyens sont là et ils sont admirablement utilisés pour offrir un divertissement populaire de grande qualité. Un divertissement qui ne rime par ailleurs pas avec académisme, le cinéaste livrant une mise en scène moderne, enlevée et virevoltante 2h30 durant. En adaptant Balzac, Xavier Giannoli dépeint les travers de la société humaine d’hier et d’aujourd’hui tout en n’oubliant pas la dimension romanesque de son récit. Menées par un casting de haut vol (certains emportant cependant il est vrai plus l’adhésion que d’autres), ces Illusions perdues nous entrainent dans un tourbillon dont on ressort rincé mais ravi.

Le choix de Victor Van de Kadsye

JULIE (en 12 chapitres) de Joachim Trier

Julie, trentenaire sans cesse indéterminée, ne serait-elle pas l’héroïne de l’année ? En la filmant en train de déambuler dans les rues d’Oslo, Joachim Trier présente une figure hors-norme, radieuse, interprétée par la formidable Renate Reinsve. Punchy, mélodramatique et beau, ce film est au cinéma ce qu’est Sally Rooney à la littérature actuelle : une peinture émouvante de la jeunesse anxieuse du 21ème siècle.

Le choix d’Eleonore Boisvieux

Julie en 12 chapitres

JULIE (en 12 chapitres) de Joachim Trier

Ce n’est pas son histoire, ni son audace de parler d’amour qui font de JULIE (en 12 chapitres) un film que l’on garde en mémoire. L’essentiel : invisible pour les yeux ? Que nenni ! Joachim Trier s’est donné comme contrainte d’observer à l’œil nu ce qui se passe lorsque nous sommes habités par tout le panel des phases du sentiment amoureux. Tout ce que nous connaissons, mais qu’à l’écran nous voyons rarement.

Ce n’est pas seulement son montage, comme un conte pour aider les adultes à s’éveiller, mais sa mise en scène d’exception, frappante, imaginative, hommage au surréalisme, qui nous maintient en alerte, émus, hypnotisés. C’est l’aura de son héroïne, interprétée par Renate Reinsve, vivante et spontanée, et indocile. C’est la douceur dans laquelle baigne le film, confort d’une bulle loin de la violence dans laquelle baigne le monde, loin de la morale, et du jugement, qui, sans même frôler le film fantastique à rebondissements truqués, donne à JULIE (en 12 chapitres) cet effet spécial, l’enchantement.

Le choix de Tanguy Bosselli

LAST NIGHT IN SOHO d’Edgar Wright

L’avenir a un nom : il s’appelle Thomasin McKenzie. Déjà formidable dans Old de M. Night Shyamalan et Jojo Rabbit de Taika Waititi, la jeune actrice néo-zélandaise se transcende dans le nouveau film d’Edgar Wright, Last Night in Soho. Sa prestation hypnotisée et hypnotique transcende l’intégralité du long-métrage, pourtant loin d’être dénué d’intérêt et de bonnes surprises. On pardonnera au film ses vingt dernières minutes expéditives au vu du reste virtuose sur la question du crépuscule des modèles, la perversité de la nostalgie et sa reconstitution diabolique des Swinging Sixties. Un très beau film à ne pas louper sur grand écran.

Le choix d’Augustin Pietron

MOURIR PEUT ATTENDRE de Cary Fukunaga

Je suis comme Craig-Bond. Vesper Lynd n’a pas quitté mes pensées depuis 2006. Voir sa tombe exploser en ouverture de Mourir peut attendre, ça fait forcément quelque chose. La mise en scène de Fukunaga est distinguée, dans un certain classicisme mais avec beaucoup de cinéma. Sous la plume de Phoebe Waller-Bridge dont on devine l’influence, le film est résolument moderne. Craig part en beauté ; conclusion sublime à une saga dans la saga. Tralala et surtout Bertrand Belin




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