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BILAN | Les meilleurs films du mois de mai 2023

CHAQUE MOIS, LES MEMBRES DE LA RÉDACTION VOUS PROPOSENT LEUR FILM PRÉFÉRÉ LORS DU BILAN DU MOIS, CELUI QU’IL FALLAIT DÉCOUVRIR À TOUT PRIX EN SALLE OU DANS VOTRE SALON (SORTIES SVOD, E-CINEMA…). DÉCOUVREZ CI-DESSOUS LES CHOIX DE CHAQUE RÉDACTEUR DE LE BLEU DU MIROIR POUR LE MOIS D’AVRIL 2023.

Le choix de Thomas Périllon

Après sa mauvaise expérience cannoise avec le pourtant plaisant Marguerite et Julien, Valérie Donzelli revenait en sélection cannoise (section Premières) avec son premier film adapté d’un roman. Comment ne pas être secoué par son nouveau long métrage, L’amour et les forêts, qui resserre l’étau autour de sa Blanche pour mieux illustrer l’enfer de la perversion et de la lâcheté ? Entre conte romanesque et thriller intime, la cinéaste se réinvente et signe un grand film. Virginie Efira, encore et toujours éblouissante, fait face à un Melvil Poupaud aussi pathétique que terrifiant.

Le choix de Florent Boutet

Trenque Lauquen

Nouvelle pièce du fascinant puzzle de ce groupe de cinéastes, acteurs et producteurs argentins, rassemblés autour de Mariano Lliñas (La Flor), Trenque Lauquen est un film aux multiples pistes d’une générosité déconcertante. Roman épistolaire dans sa première partie, fuite et disparition dans la seconde, il se déploie sur plus de quatre heures avec, en son centre, la magnifique Laura Paredes et son désir de liberté. Dispositif de mise en scène brillant et ambitieux, Trenque Lauquen est une fresque admirable remplie d’idées de cinéma toujours plus enthousiasmantes.

Le choix de Marie Serale

Il aura fallu attendre presqu’un an après sa présentation au Festival de Cannes 2022 pour que Showing Up sorte en salles. Pourtant, le printemps semble être la période idéale pour que le huitième long-métrage de Kelly Reichardt rencontre son public. Michelle Williams y incarne une sculptrice qui peine à préparer sa prochaine exposition, en pleine crise personnelle et artistique. En filmant le travail de la glaise et les tourments du quotidien, Kelly Reichardt désacralise la figure de l’artiste et donne à voir la création à l’épreuve de la vie. Entre remise en question et prise de conscience, l’histoire de ce personnage, filmée avec un humour subtil et d’une beauté qui dépasse l’esthétisme prend tout son sens en ce printemps, symbole du renouveau.

Le choix de François-Xavier Thuaud

Trenque Lauquen

Douze chapitres comme autant d’entrées dans un labyrinthe dont on ressort à la fois égaré et ébloui. Un millefeuille fictionnel au coeur duquel la ville de Trenque Lauquen semble absorber, dans toute son imparable tranquillité, les mystères et les légendes. Un film envoûtant qui jette des ponts entre les récits les plus anciens et les thématiques contemporaines. Laura Citarella emprunte à la littérature un pouvoir d’évocation qu’elle transcende, via un hors-champ glorifié, en vertige. A l’écran, rien de semble dépasser le cadre de la banalité, tout est jeu de piste. Le film sème des petits cailloux pour mieux nous perdre. Après avoir lutté, nous nous abandonnons aux forces de l’imaginaire, hypnotisés par un format d’image qui se transforme imperceptiblement. On croit succomber à la fiction jusqu’au jour où on comprend qu’elle nous héberge.

Le choix d’Emilien Peillon

Showing up

On a filmé le vide, on a filmé l’attente, on a filmé l’ennui, mais a-t-on déjà filmé la procrastination ? Le portrait de cette sculptrice est moins celui de son travail que de celui de la frustration de son sur-place, des problèmes qui ne se règlent pas – la chaudière en panne – ou qui se rajoutent – l’improbable pigeon à soigner -, le tout au milieu d’un monde artistique toujours en chantier : oeuvres en train de se faire au milieu d’un couloir, espaces d’exposition en cours de montage… le film change pourtant ces énergies chaotiques en chaleur intérieure par son approche du temps présent, philosophiquement proche de ce que Paterson explorait il y a quelques années. La curieuse porosité entre art et environnement quotidien ne frappe qu’après-coup, à travers le subtil souvenir laissé par la séance. Kelly Reichardt est décidément un élément précieux du cinéma américain.

Le choix de Fabien Randanne

L'amour et les forêts

L’amour et les forêts, adaptation du roman du même nom d’Eric Reinhardt, raconte la mécanique de l’emprise, lorsque la mâchoire se referme et broie petit à petit. Valérie Donzelli souligne par ses parti-pris esthétiques (quitte à surligner le trait, notamment par ses éclairages rouges menaçants) l’enfermement, l’oppression et les pulsions de liberté. Melvil Poupaud est glaçant, Virginie Efira une nouvelle fois épatante.



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