film du mois_JUIL22

BILAN | Nos coups de coeur du mois de juillet 2022

Chaque mois, les membres de la rédaction vous proposent leur film préféré lors du bilan du mois, celui qu’il fallait découvrir à tout prix en salle ou dans votre salon (sorties SVOD, e-cinema…). Découvrez ci-dessous les choix de chaque rédacteur de Le Bleu du Miroir pour le mois de juillet 2022.

Le choix de Thomas Périllon

AS BESTAS de Rodrigo Sorogoyen

Fort de la remarquable qualité de ses interprètes (Denis Ménochet intense, Marina Foïs sensible et déterminée, inquiétants Luis Zahera et Diego Anido), et de sa mise en scène au cordeau, As Bestas captive et marque d’emblée les esprits avec son introduction prophétique et dès ses premières minutes d’exposition. Formidable architecte de la tension, Sorogoyen ménage ses effets, accompagnés d’une partition sonore grinçante qui contraste habilement avec la photographie du film, et laisse instiller cette atmosphère de plus en plus oppressante jusqu’à un plan-séquence central phénoménal. Entre drame intimiste et social et thriller redoutablement inquiétant, Rodrigo Sorogoyen fait de sa magistrale proposition cinématographique une saisissante fable sur la xénophobie et la lutte des classes. Un tour de force.

Le choix de Florent Boutet

LA NUIT DU 12 de Dominik Moll

« Vous voulez que je vous dise pourquoi elle a été tuée ? Parce que c’est une fille« . Voilà le constat accablant lancé entre deux sanglots par la meilleure amie de celle qui vient de se faire brûler vive. Enquête savoyarde où le résultat importe moins que le théâtre qui le sous tend, on trouve dans La Nuit du 12 l’écrin parfait pour donner à Bastien Bouillon son (enfin) premier grand rôle, où le traumatisme se nichent en chacun, du policier aux parents, jusqu’à une juge qui refuse la banalisation d’un mal abject qui se tapie en chacun de nous.

Le choix de Fabien Randanne

As bestas

AS BESTAS de Rodrigo Sorogoyen

Avec son couple de français menacé dans la campagne galicienne, As Bestas aurait pu suivre le chemin balisé d’un « home invasion » manichéen. Cela aurait été trop simple pour Rodrigo Sorogoyen qui gère parfaitement la montée en tension et les retournement de situations en pour nous parler de la peur de « l’autre » et de nos préjugés, mais aussi du vertige du doute et de l’incertitude. D’ores et déjà l’un des meilleurs films de l’année.

Le choix d’Elodie Martin

LA NUIT DU 12 de Dominik Moll

Inspiré de faits réels, plongeant le spectateur dans les dédales des affaires non résolues par la police judiciaire française, La nuit du 12 tient autant du « polar » maîtrisé que du cinéma engagé. Travaillant la dualité tant de ses décors que de ses points de vue, Dominik Moll réussit à maintenir une tension extrême malgré l’omniscience de son spectateur quant à la résolution de l’enquête. Porté la performance aussi juste que généreuse de Bastien Bouillon et Bouli Lanners, La nuit du 12 met en images et en corps le féminicide, démontrant par la pluralité de ses suspects et la force de ses dialogues criants de vérité la nécessité de cesser de reléguer la mort des femmes au rang de fait divers ou de statistique.

Le choix de François-Xavier Thuaud

ENNIO de Giuseppe Tornatore

Un long entretien avec le maestro sert de colonne vertébrale à ce documentaire hommage. Une forme classique constamment dynamisée par un montage alerte. Peu à peu, deux lignes se dégagent et finissent par dessiner les contours du génie musical de l’artiste : l’innovation et le style. Au centre d’une oeuvre immense, sa collaboration avec Sergio Leone brille d’un éclat particulier, de Pour une poignée de dollars à Il était une fois la révolution, chaque extrait apporte son lot de frissons. Si le documentaire se concentre sur le travail du musicien Morricone (dont on connaît beaucoup moins la carrière de compositeur de musique contemporaine), l’homme Ennio apparaît en filigrane, bourreau de travail, éternel insatisfait, en quête d’une reconnaissance plus profonde que le succès, celle de son mentor Goffredo Petrassi. Le film dure 2h30, il passe comme un rêve et donne envie de voir ou revoir quantité de films.

Le choix d’Eleonore Oldwood

AS BESTAS de Rodrigo Sorogoyen

Comme le laissait percevoir sa première séquence, As Bestas commence dans l’inquiétude, et se poursuit dans l’angoisse. Denis Ménochet et Marina Foïs y sont à la fois francs et troubles, à l’image de ce couple expatrié qui voit son idéal transformé en un cauchemar infernal. Le précédent film de Sorogoyen, Madre, frôlait l’ennui, mais ici tout est minutieusement pensé pour nous tenir en haleine. Sombres silhouettes sillonnant l’arrière-plan à la recherche de notre regard, tentatives d’apprivoisement de la nature humaine sous son pire jour, nous voilà à la table du mépris, et de la haine, en convives de l’horreur. As bestas, thriller social efficace, a tout pour relancer la curiosité du spectateur vis-à-vis du réalisateur espagnol.

Le choix d’Antoine Rousseau

La nuit du 12

LA NUIT DU 12 de Dominik Moll

Librement inspiré d’un atroce fait divers, La nuit du 12 raconte avec un réalisme désespéré les dessous d’une enquête autour d’un féminicide. En mettant d’entrée de jeu le spectateur face à l’impasse de la traque menée par ses deux héros, le duo Dominik Moll (réalisateur) et Gilles Marchand (co-scénariste) s’affranchit des règles habituelles du polar pour mieux se focaliser sur les ressorts d’un système patriarcal et misogyne, tellement enraciné qu’il semble contaminer jusqu’aux personnages les plus vertueux. Un mystère glaçant et inachevé qui hantera l’esprit des spectateurs tout autant que celui des enquêteurs, interprétés avec beaucoup d’humanité par les impeccables Bastien Bouilllon et Bouli Lanners.

Le choix de Jean-Christophe Manuceau

As bestas

AS BESTAS de Rodrigo Sorogoyen

La violence contre les animaux, la violence entre les hommes… Le nouveau film de l’Espagnol surdoué Rodrigo Sorogoyen dresse un constat terrible avec cette histoire de voisinage difficile entre un couple de Français installés en Galicie et leurs voisins paysans. Porté par des comédiens exceptionnels de subtilité, une mise en scène intense et une musique qui approfondie la tension sans la surligner, As Bestas s’impose d’emblée comme un des films de l’année. A voir absolument.

Le choix de Fabien Genestier

La nuit du 12

LA NUIT DU 12 de Dominik Moll

La Nuit du 12 rejoint le cercle assez fermé des thrillers sans résolution de l’intrigue. Un genre complexe mais qui livre souvent des films plus forts que des polars classiques car ne répondant pas à une simple logique de suspense. La Nuit du 12 n’échappe pas à la règle et se veut ainsi passionnant à suivre. L’impasse d’une enquête sur un féminicide comme on en voit malheureusement tous les jours dans les journaux devient ainsi l’occasion pour Dominik Moll de livrer à la fois un film réaliste sur l’univers de la police et une réflexion sur notre société patriarcale. Si l’exposé est parfois un peu trop didactique, il n’en demeure pas moins que La Nuit du 12 s’impose comme un bon thriller qui marque le spectateur autant par son ambiance prenante que par les questions qu’il soulève.

Le choix de Victor Van de Kadsye

As bestas

AS BESTAS de Rodrigo Sorogoyen

Maniant l’art de faire frémir le spectateur sans bouger sa caméra, Rodrigo Sorogoyen nous offre une dose de sensations fortes pour ce mois de Juillet. Drame rural sous extrême tension, porté par un casting impérial, As Bestas est un film qui nous glace le sang autant qu’il nous déchire, qui remue sans cesse nos certitudes qu’on pensait acquises à la scène précédente. Un brillant tour de force, dans la lignée de Madre et El Reino.

Le choix de Lena Haque

Tempura

TEMPURA d’Okiko Ohku

Portrait d’une jeune citadine solitaire à la recherche de l’épanouissement personnel, Tempura nous tend un miroir dans lequel il est dur de ne pas se reconnaître. Que les ballons multicolores et la narration à première vue humoristique ne vous trompent pas : le long-métrage d’Akiko Oku est au fond loin d’être aussi sucré qu’il n’y paraît. Traitant aussi bien de santé mentale que de cuisine japonaise et d’amour, Tempura nous parle d’intériorité, de mécanismes de survie et de vulnérabilité avec une tendresse non dénuée de férocité. Il en résulte un film d’une grande justesse et d’une grande profondeur aux images lumineuses, qui laisse la gorge serrée et qui ouvre l’appétit.




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