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SELECTION | 40 films à découvrir en 2023 – Partie 2

Dans la deuxième partie de nos attentes pour l’année 2023, consacrée plus particulièrement à des films pressentis mais non encore confirmés officiellement pour une sortie française, on peut encore plus parler de choix subjectifs. Beaucoup de nos lecteurs pourraient s’étonner de l’absence de tel auteur ou de telle cinéaste. Il faut rappeler que cet exercice est limité par le nombre, nous en avons choisi 20 pour arriver à un chiffre total de 40 avec la première partie, mais aussi par le peu de certitudes liées à un secteur où il est toujours difficile de savoir avec exactitude ce qui va bel et bien sortir. La diversité de regards, de territoires ainsi que de genre et d’âge des artistes cités, est restée au cœur de notre démarche.

Du coté du cinéma français, cinq auteurs et autrices ont attiré notre attention. Tout d’abord, Anatomie d’une chute, nouveau film de Justine Triet après Sybil, présenté en compétition au festival de Cannes en 2019. Co-écrit avec Arthur Harari, réalisateur du film multi-primé Onoda-10 000 nuits dans la jungle, c’est déjà le quatrième long-métrage depuis La bataille de Solferino pour la réalisatrice française qui s’entoure pour l’occasion des deux acteurs de renom que sont Swann Arlaud et Sandra Hüller (Toni Erdmann). Fait divers, tribunal, les deux scénaristes réalisateurs ont composé pendant plus de deux ans pour accoucher de ce script prometteur tourné entre Savoie et Gironde.

Le temps d'aimer
Vient ensuite Katell Quillévéré et Le temps d’aimer, film d’époque se déroulant en 1947 avec Anais Demoustier et Vincent Lacoste dans les premiers rôles. Après la très belle réussite de la série Le monde de demain, co-écrite et réalisée avec Hélier Cisterne, Quillévéré revient seule derrière la caméra pour ce drame se situant dans le climat de l’immédiate après Guerre. Sept ans après Réparer les vivants, adaptation d’un roman de Maylis de Kerangal, ce retour à la réalisation et au cinéma d’un des plus grands talents du cinéma français et une date à retenir.

Autre nom majeur de notre cinéma national, Robin Campillo a déjà tourné le successeur de son très estimé 120 battements par minutes (2017), qui a pour titre Les blancs. On y retrouve la très demandée Nadia Tereszkiewicz (Les Amandiers) aux cotés de Quim Gutierrez (Madeleine Collins), pour une histoire située à Madagascar dans les années 1970. Ce moment correspond aux années où cette grande île africaine obtient son indépendance. Vu par le regard d’un enfant, sous la forme d’une perte des illusions et une découverte du monde qui l’entoure, le film promet un regard critique sur ces années marquées par le colonialisme et le basculement de toute une population vers l’auto-détermination.

Mon crime
Talent régulier à la filmographie pléthorique, François Ozon varie toujours autant les plaisirs, en narrant cette fois l’histoire d’une jeune actrice accusée de meurtre dans le Paris des années 1930. On retrouve ici encore Nadia Tereszkiewicz dans le premier rôle, entourée notamment par Isabelle Huppert et Fabrice Luchini. Après Peter von Kant, qui était une fiction où se mêlaient la figure de R.W. Fassbinder et une dimension autobiographique, Ozon reste dans le milieu du cinéma, mais toujours à distance, traitant ici encore de ces sujets avec un écart temporel suffisant de près d’un siècle. Le parallèle entre les deux derniers films est encore plus patent quand on sait que Mon crime est une adaptation d’une pièce de théâtre, comme l’était Peter von Kant, mais toujours avec une grande liberté dans la réécriture du scénario. Le film est déjà prévu pour une sortie le 8 mars.

Enfin, et non des moindres, Claire Simon a réalisé un documentaire, Notre corps, qui souligne toutes les étapes de l’enveloppe féminine à tous les moments de sa vie, ce dans le cadre hospitalier. Projet ambitieux qui embrasse de multiples moments qui vont de la naissance aux soins palliatifs en gériatrie, le film souligne tous ces petits détails qui forgent comme des rites de passage pour les femmes cisgenres.

En Extrême-Orient, notre regard se porte à la fois sur les nouvelles propositions séduisantes de deux cinéastes importants pour le contemporain, mais également sur le cinéma d’animation, toujours très dynamiques dans ces territoires. C’est tout d’abord un nouveau film annoncé d’Hirokazu Kore-eda qui se profile pour cette année, avec comme titre international Monster, Kaibutsu en version originale japonaise. Le grand auteur nippon est un véritable stakhanoviste des plateaux de tournage, sortant un nouveau script chaque année, sans que son débit ne semble se tarir. Après une escapade en France avec La vérité, une autre en Corée du Sud avec Les bonnes étoiles, Kore-eda revient au Japon pour la première fois depuis sa palme d’or pour Une affaire de famille (2018). Peu de choses ont encore filtré sur le film qui est daté pour une sortie japonaise au 2 juin prochain, supposant une première mondiale pour le prochain festival de Cannes au mois de mai.

Monster
Autre désormais habitué du rendez vous annuel cannois, Ryusuke Hamaguchi est aussi prolifique que son compatriote, avec la promesse constituée par Our Apprenticeship, projet déjà évoqué l’an passé car en cours de développement après la sortie de Drive my car. Tourné à Paris autour de l’idée du regard étranger d’un japonais dans la sphère artistique française, ce serait le troisième film en trois ans pour ce cinéaste de quarante ans qui a conquis plus de 200 000 spectateurs sur ce dernier film, ainsi qu’une large partie de la critique hexagonale et internationale.

Autre espoir révélé par les festivals internationaux, Koji Fukada présentera Love life, présenté en première mondiale à la dernière Mostra de Venise, après avoir sorti le dyptique Fuis moi je te suis / Suis moi je te fuis l’an passé. Cette histoire aux allures de conte familial prend très vite un aspect très noir et vénéneux qui désarçonne le spectateur au bout de quelques minutes pour l’emmener dans des endroits inattendus par le biais d’un scénario plus complexe qu’il n’y paraissait dans son introduction. Fukada y réalise une satire du conservatisme de la famille japonaise autour d’un noyau bourgeois qu’il tourne finement au vitriol.

Love life
Étoile montante du cinéma d’animation, Suzume est le nouveau film de Makoto Shinkai, réalisateur du magnifique Your name (2016), ainsi que des Enfants du temps (2019). Le titre est aussi le prénom du personnage principal, une adolescente de 17 ans résidant dans une petite ville de l’île de Kyushu. Comme à son habitude, Makoto Shinkai a parsemé son récit d’éléments fantastiques qui créent des rebondissements improbables dans la vie d’une jeune personne, ici des portes lui donnant accès à toutes sortes d’endroits insolites, aux conséquences fâcheuses pour celle qui les franchit. Son don pour créer des situations à la fois merveilleuses et remplies d’émotions fait de chaque nouvelle aventure du réalisateur une date importante et immanquable. Sortie le 12 avril.

Outre Atlantique, nous avons retenu quatre cinéastes porteurs de projets enthousiasmants, avec au premier chef Killer of the Flower moon de Martin Scorsese, qui voit une nouvelle collaboration à la fois avec Robert DeNiro mais aussi Leonardo Dicaprio, les deux acteurs étant devenus les émissaires préférés du vétéran auteur de Taxi driver (1976). Alors qu’il vient de fêter ses 80 ans, Scorsese continue de tourner d’arrache-pied, multipliant les projets de films, notamment grâce au financement de la plateforme Netflix qui lui assure des budgets conséquents. L’histoire se déroule dans les années 1920 en Oklahoma autour de meurtres liés à des territoires amérindiens clefs pour l’exploitation de gisements de pétrole.

Killers of the flower moon
Casting de stars, Tilda Swinton, Adrien Brody, Tom Hanks et Margot Robbie, Asteroid city de Wes Anderson est lui aussi très attendu pour cette année 2023. Co-écrit avec Roman Coppola, comme pour Moonrise Kingdom et À bord du Darjeeling Limited, il est question d’une convention pour les passionnés de l’espace, réunis dans une petite ville fictive du pays. Cette nouvelle fiction promet de nouvelles expérimentations visuelles hautes en couleur, avec l’espoir d’un renouvellement d’une recette qui avait un peu déçu pour The french dispatch (2021) qui manquait cruellement de ce supplément d’âme qu’on retrouvait dans les meilleurs films du cinéaste, que ce soit The Grand Budapest hotel (2013) ou la Famille Tenenbaum (2001).

Sept ans après Loving (2016), Jeff Nichols revient enfin derrière la caméra avec The Bikeriders, où l’on retrouve son acteur de toujours Michael Shannon, avec Austin Butler (Elvis) et Tom Hardy pour donner la réplique à Jodie Comer (Le dernier Duel). Comme son titre le laisse supposer, Nichols s’intéresse ici à un gang de motards qui, dans les années 1960, défraie la chronique par son mode de vie alternatif. Scénario original qui investit le territoire du Midwest étasunien, source d’une multitude de récit propre au continent Nord Américain, The Bikeriders promet d’être un grand spectacle atypique dans les marges de l’histoire officielle des Etats-Unis.

The Bikeriders
Dans la catégorie des grands auteurs bénéficiant encore de gros budgets, le Ferrari de Michael Mann tient une place toute particulière. Après avoir proposé le rôle à Christian Bale, c’est vers le très convoité Adam Driver que s’est tourné Mann pour incarner Enzo Ferrari sur grand écran. Si le biopic est un genre qui produit peu de grands films, on peut néanmoins nourrir de sérieux espoirs étant donné la capacité du réalisateur de Heat (1995) à sublimer ses sujets par le biais d’une mise en scène de grande qualité. Agé de 79 ans, c’est une nouvelle occasion de voir l’oeuvre de ce grand cinéaste s’enrichir d’une ligne de plus et d’explorer l’histoire d’une grande personnalité du XXème siècle.

Ferrari
Aux antipodes de ces auteurs américains bénéficiant de grosses sorties et de moyens financiers conséquents, on retrouve la canadienne Sarah Polley, qui a réussi au fur et à mesure des années à creuser un sillon très personnel et enthousiasmant dans un recoin de la cinéphilie international. Son Stories we tell (2013) avait été un ravissement, film d’une grande intelligence qui jouait avec son spectateur, travestissant la réalité, entre vraie fiction et autobiographie très acide. Elle adapte cette fois le roman de Miriam Toews, Women Talking, qui se concentre sur des femmes d’une communauté religieuse isolée au début des années 2010. Rooney Mara est la tête d’affiche de ce projet qui devrait sortir en salle le 8 mars.

Women talking
Entre Europe et Asie mineure, les derniers films que nous avons décidé de citer sont ceux d’auteurs particulièrement importants à nos yeux. En quelques films, Alice Rohrwacher a développé une œuvre cohérente qui fait scruter le calendrier avec attention dès que se profile un nouveau long-métrage. La chimère se déroule dans les années 1980 sur le littoral de la côte italienne, avec comme acteur principal Josh O’Connor (magnifique dans Mothering sunday d’Eva Husson), qui joue une sorte d’aventurier chercheur de trésors. Isabella Rosselini et Alba Rohrwacher, sœur et fidèle compagne de route d’Alice, ont également des rôles importants dans cette histoire. La réalisatrice considère que ce film clôt une trilogie thématique sur l’identité italienne commencée avec Les merveilles (2014) et poursuivie avec Heureux comme Lazzaro (2018).

La chimère
Après sa palme d’or pour Winter sleep en 2014, et le sublime Poirier sauvage (2018), cette année va sans doute avoir la chance de voir fleurir un nouveau film de Nuri Bilge Ceylan, sous le titre des Herbes sèches. Comme chez Hong Sangsoo, les thèmes varient peu chez Ceylan, c’est dans les détails et dans la mise en scène qu’il faut retrouver les variations qui donnent de l’ampleur à son geste de cinéaste. C’est ici une rencontre impromptue, une promesse d’amour qui va changer la vie d’un professeur dépressif embourbé dans une vie morose. Le neuvième long-métrage pour ce réalisateur de 66 ans parmi les plus doués de sa génération.

Dans cette catégorie des artistes consacrés on retrouve évidemment Nanni Moretti, après le décrié Tre piani qui avait déçu beaucoup des plus acharnés défenseurs de la filmographie du maître italien. Il sol dell’avvenire, littéralement Le soleil de l’avenir, voit arriver Mathieu Amalric dans le cinéma du réalisateur de la Chambre du fils. Le scénario devrait se dérouler dans l’Italie des années 1950 à 1970 et se dérouler dans le milieu du cinéma, une partie du film ayant été tourné à Cinecittà. Il va être particulièrement intéressant de découvrir quels vont être les choix de Moretti après Tre piani, qui représentait un bouleversement dans ses habitudes, représentant un quartier avec un effet carton pâte qu’on ne lui connaissait guère jusqu’ici.

The Old oak
À 86 ans, le réalisateur engagé et doublement palmé Ken Loach ne semble pas prêt à abandonner les plateaux de tournage. The old Oak, toujours scénarisé par Paul Laverty, vieil habitué des tournages de Loach, s’attache aux derniers jours supposés d’un pub menacé de fermeture. L’arrivée de réfugiés syriens dans la ville anglaise où se déroule l’action va changer la vie des protagonistes. Le thème de la migration, un des traits majeurs du contemporain, arrive très logiquement dans le cinéma d’un auteur qui a toujours eu à cœur de représenter la société sous ses aspects les plus durs. Le film est certainement promis à une présentation à Cannes en mai prochain.

Poor things
Habitué des compétitions internationales et des scénarios fantaisistes et dérangeants, le grec Yorgos Lanthimos devrait voir sortir Poor things, une adaptation d’un roman d’Alasdair Gray, paru en 1992. Histoire voisine du roman de Mary Shelley, Frankenstein, une femme jouée par Emma Stone, se voit greffer le cerveau d’un nouveau né pour la sauver d’une mort par noyade. Willem Dafoe et Mark Ruffalo ont également participé à une aventure qui promet de bousculer les zones de confort des spectateurs, comme souvent chez l’auteur de The Lobster (2015).

They shot the piano player
Pour clôturer cette liste déjà bien fournie, un très beau projet d’animation doit voir le jour cette année, intitulé They shot the piano player, co-réalisé par Fernando Trueba et Javier Mariscal. Tous deux avaient déjà conçus Chico & Rita (2011) qui mêlait déjà musique et animation pour un récit historique qui allait de Cuba à New-York en passant par Los Angeles. Ce nouveau film en semble une prolongation logique, un journaliste musical s’intéressant à la disparition d’un pianiste brésilien. Célébration du genre de la Bossa nova, le film raconte également l’Amérique latine des années 1960 à 1980 par l’intermédiaire d’une vision de liberté qui s’éloigne du vernis autoritaire qui a trop souvent coloré les régimes politiques du continent et entravé la créativité des artistes de ces territoires.


40 films à voir en 2023 : 1ère partie




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