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ANNIE HALL

8
Délicieuse nostalgie

À l’aube de ses quarante ans, Alvy Singer fait le bilan de la situation. Une introspection sur sa dernière rencontre, Annie Hall, qui vient de le quitter, et un hommage à la ville qu’il aime, New York. 

Old times.

Après six films voués à révéler le génie comique de Woody Allen, Annie Hall s’impose comme le premier tournant majeur d’une filmographie aussi conséquente que millimétrée. À ce moment précis de sa carrière, « faire rire » n’est plus suffisant : il lui faut, cinématographiquement, renouveler un système promis à une lente usure, tout en exorcisant d’encombrants tourments existentiels. Fraîchement séparé de Diane Keaton, son actrice fétiche, le réalisateur finit par trouver dans cette douloureuse matière une formidable source d’inspiration, teintant désormais son cinéma d’une mélancolie nouvelle.

Maniant l’auto-dérision sans fantaisie, ni pessimisme outranciers, Woody Allen observe son propre échec amoureux en racontant, par son prisme, l’inéluctable déliquescence du couple. De leurs inconciliables différences, il ne garde pourtant aucune rancœur et montre, a contrario, combien l’un peut faire grandir l’autre, combien une évolution couplée rend individuellement plus fort. Annie Hall (du vrai nom de Diane « Annie » Keaton) concentre ainsi toutes les thématiques de l’univers « allenien », porteur d’un ton unique, habilement installé dans un entre-deux où joie et tristesse, bonheur et perte se répondent tôt ou tard.

Dans cette entreprise ô combien nombriliste – qu’il répétera fréquemment au fur et à mesure des années –, Woody Allen utilise la fiction pour modeler et sublimer la réalité à son envie. Comme en témoigne la théâtrale mise en abyme finale, seul l’art est capable de guérir nos blessures en nous offrant le « happy end » tant souhaité. Accompagnant les distorsions psychanalytiques de cette thérapie sur grand écran, la mise en scène du film suit les errances d’un esprit désireux de retrouver son passé. 

Alors que le déroulé des événements nous apprend très vite qu’hier n’existe déjà plus aujourd’hui, la morale nostalgique du long-métrage clôt finement ce numéro d’équilibriste à la drôlerie désespérée. Woody Allen y rend le plus beau des hommages à son ex-compagne lorsqu’il comprend que l’on peut continuer à aimer quelqu’un, à admirer ses qualités en cessant de partager sa vie. La folie des relations humaines n’est peut-être qu’un rongeur pour l’âme, elle reste néanmoins une indéniable fabrique d’émotions fortes, essentielle à expérimenter, impossible à délaisser.

La fiche

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ANNIE HALL
Réalisé par Woody Allen
Avec Woody Allen, Diane Keaton, Tony Roberts…
Etats-Unis – Comédie, Romance, Drame
Sortie : 7 Septembre 1977
Durée : 93 min




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