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ALEJANDRO JODOROWSKY | Le réalisateur célébré à L’étrange festival

Dimanche 9 septembre, Paris. L’un des grands moments de l’Etrange festival : la venue de l’immense Alejandro Jodorowsky. C’est un Frédéric Temps ému qui introduit sur la scène de la salle 500 l’une des figures les plus emblématiques du festival, qui fêtait ce dimanche ses 90 ans. Alejandro a pu ensuite profiter d’une surprise : la venue d’Arthur H, qui apparaîtra d’ailleurs dans son prochain film (Psychomagie, un art pour guérir), et qui a profité de cette soirée pour rendre hommage à son ami en lisant l’un de ses poèmes. Suit alors une délicieuse séance d’auto-psychomagie, où le réalisateur a pu revenir sur son rapport charnel avec le septième art, avant de mentionner quelques anecdotes croustillantes sur la production du film que nous allons voir : Le voleur d’arc-en-ciel.

Acteurs et actrices imposé(e)s, donc sous-intrigues inutiles, obligations contractuelles farfelues, sautes d’humeur d’Omar Sharif, Jodo en a vu de toutes les couleurs (de l’arc-en-ciel. Ne me remerciez pas) ! Alors qu’il avait eu honte de montrer ce film pendant près de trente ans, il a savamment attendu la mort des producteurs pour « nettoyer » son film de tous les méandres du cinéma industriel, et ne garder ainsi que l’essentiel : un petit miracle de cinéma.

Très bon anniversaire Alejandro !

Le film raconte l’histoire d’un excentrique millionaire (Christopher Lee), qui tombe dans le coma après une attaque cardiaque. Ses proches se rassemblent alors pour demander le testament, mais cela est impossible si le millionaire est toujours vivant. La rumeur laisse tout de même entendre qu’il léguerait sa fortune à son neveu Melagree (Peter O’Toole), tout aussi farfelu. Cette rumeur tombe dans l’oreille du voleur Dima (Omar Shariff), qui propose à Melagree de s’occuper de lui, en échange de quoi il obtiendrait une part de la fortune du millionaire lorsque celui-ci mourra. Melagree accepte, et vit donc en compagnie de Dima dans les égouts de la ville. Sa santé mentale ne s’améliore pas après la mort de son chien Chronos, dont il garde le corps inanimé près de lui, le faisant parler comme une marionnette.

Le voleur d’arc-en-ciel, celui qui abaisse l’humanité au simple intérêt personnel, c’est l’argent. C’est bien sûr la fortune du millionaire dans le film, qui meut les faits et gestes de Dima, mais c’est aussi celui du cinéma industriel, dont Jodorowsky a beaucoup souffert. Ainsi, le remontage du film permet d’envoyer dans les égouts tous les manifestations de ce mode de production à l’écran, et laisser sa place à l’amitié (entre deux excentriques) et à l’amour (pour un chien). Souvenons-nous des mots de Jodorowsky à propos de l’alchimie : « l’alchimie est la matérialisation de l’esprit, et la spiritualisation de la matière ». La dernière séquence du film est une application magnifique, poétique et émouvante de cette proposition, faisant rayonner de nouveau ce film, autrefois mal aimé, sous les doux rayons d’un arc-en-ciel. Sublime !

Alejandro Jodorowsky à Paris Alejandro Jodorowsky honoré à l’Etrange festival




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