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365 JOURS | Netflix encourage la culture du viol

Massimo est membre de la mafia sicilienne et Laura est directrice des ventes. Cette dernière ne se doute pas de ce qui l’attend lors d’un voyage en Sicile destiné à sauver son couple : Massimo la kidnappe et lui donne 365 jours pour qu’elle tombe amoureuse de lui.

La culture du viol sponsorisée par Netflix

N’y allons pas par quatre chemins : 365 jours est le film le plus détestable jamais arrivé sur Netflix jusqu’à présent. Dans ce 50 nuances de Grey du pauvre, un mafieux italien kidnappe et séquestre une jeune femme en lui imposant un séjour d’un an afin que celle-ci tombe sous son charme. Si cela n’arrive pas, elle sera libérée. Adorable, n’est-ce pas ?

Avec ses petits écarts SM et ses scènes érotiques dignes des plus grandes heures de la TNT, ce La Belle et la Bête porno vise l’érotisme bon marché à coups de morceaux pop, d’accents étrangers, de meurtres et de trafic de drogue. Si ce genre de scénario trouverait (malheureusement) sa place sur Pornhub, peu regardant sur les rapports consentis, retrouver un film comme 365 jours sur la plateforme – qui s’échine à romantiser une relation extrêmement toxique – est absolument inacceptable. Pire, le choix du géant du streaming de le taguer sous les étiquettes « romantique » ou « troublant » relève d’une faute de goût comme de discernement.

Vendu comme LE film hot Netflix, 365 jours a de quoi faire hurler de rage, tant les « auteurs » n’ont visiblement aucune notion des questions de violences sexuelles et de déviances sexistes. Participant dangereusement à la culture du viol, cette immonde navet croit mettre en scène le fantasme féminin par excellence. Pour ne rien arranger, l’heureuse séquestrée se voit offrir quelques escapades shopping, pour rendre sa condition d’objet plus agréable, entre un Cosmo au bord de la piscine et une visite touristique italienne. En quoi son sort peut-il être enviable ? Qui peut encore croire, en 2020, qu’une telle technique de séduction fonctionnerait sur la moindre femme ? Que la résistance (d’apparence !) qu’elle oppose n’est qu’un encouragement à s’obstiner pour l’homme qui veut en faire sa chose ?

365 jours

Un doigt d’honneur au mouvement #MeToo

Qu’un tel produit se voit offrir une place de choix sur une plateforme de streaming internationale est révoltant tant il participe à propager ces discours dégradants et nocifs encourageant la culture du viol. Comment Netflix peut-il offrir cette visibilité à un tel discours à l’heure où la pédagogie et le militantisme doivent être encouragés ? Le viol n’est pas un fantasme SM et le consentement féminin ne s’achète pas avec deux-trois virées shopping et un dîner aux chandelles.

Vous vous demanderez pourquoi nous accordons la moindre once d’énergie à parler d’une fiction aussi médiocre (car elle l’est, au-delà des énormes problèmes éthiques), contribuant à lui faire de la publicité, mais ce serait oublier la portée de telles images et la dangerosité à voir de tels messages diffusés aussi largement. Il n’y a rien d’innocent dans 365 jours. C’est une publicité géante aux violences faites aux femmes. Les actes du protagoniste masculin sont passibles de peine d’emprisonnement (de la fellation forcée par une hôtesse à la séquestration de la « belle », en passant par les nombreux actes de maltraitance physique et verbale) et aucun élan sentimental ne peut excuser de tels agissements.

365 jours est d’une obscénité morale et artistique à pleurer, entretenant sous un emballage pop et léger tout ce qui contribue à pérenniser la culture du viol. Avec la diffusion irresponsable de cet immonde navet, Netflix adresse ni plus ni moins qu’un doigt d’honneur monumental au mouvement #MeToo. 

Publié initialement le 14 juin 2020.



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